Y : Le dernier homme, FX

Y : Le dernier homme, FX

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J’ai regardé Y : Le dernier homme bien après sa diffusion initiale, mais fidèle à mon habitude, je n’avais rien lu à son sujet avant de commencer. Si bien que j’ignorais que FX avait décidé d’annuler la série avant même la fin de la diffusion de la première saison. J’aurais sans doute choisi de ne même pas regarder ces dix premiers épisodes si j’avais su et il me semble difficile de recommander cette adaptation d’un comic par Eliza Clark sachant cela. Et pourtant, je ne suis pas mécontent d’avoir regardé cette série post-apocalyptique originale par son point de départ : un beau jour, tous les porteurs du chromosome Y meurent sur terre. Tous les mâles, humains comme animaux, disparaissent brutalement et avec la moitié de la population en moins, c’est un nouveau monde dévasté et sur le point de s’éteindre qui débute. Seul Yorick semble avoir survécu et Y : Le dernier homme suit son parcours à travers les États-Unis, vers un laboratoire qui pourrait tenter de comprendre pourquoi lui a survécu et peut-être sauver l’humanité.

Les dystopies basées sur des apocalypses ne manquent pas et le genre semble inépuisable. Le comic créé par Brian K. Vaughan and Pia Guerra imagine toutefois une idée originale : certes, une maladie décime la société, mais en visant uniquement les hommes et les femmes trans. Dans notre société masculine, l’élimination de tous les porteurs du chromosome Y a des conséquences particulièrement dévastatrices, comme le montre bien la série. Y : Le Dernier homme suit quelques personnages clés, dont les femmes à la tête de l’État américain qui se retrouvent bien démunies quand le président meurt, son vice-président aussi et la majorité de la tête des États-Unis. C’est une simple députée qui devient la plus haut placée et qui prend le pouvoir, mais le vide créé par tous ces hommes morts du jour au lendemain est flagrant. On retrouve cette idée dans toute la saison, avec en parallèle une autre encore plus forte. Même si les hommes étaient omniprésents et avaient les rôles les plus importants, ils sont aisément remplacés par des femmes et semblent tous superflus. Est-ce message jugé trop violent par la moitié de la population actuelle qui a condamné la série ? Ou alors la représentation inclusive parfaite, avec les hommes trans qui ont logiquement survécu puisqu’ils n’ont pas de chromosome Y et qui sont bien représentés par la saison, en a-t-elle énervé quelques-uns ? À moins que la vision des républicaines, toujours viscéralement attachées à la domination masculine, ait trop déplu aux principaux concernés ?

Quoi qu’il en soit, j’ai bien apprécié ces traitements justes et cette vision du monde, certes dévastée par la catastrophe, mais qui se construit malgré tout en oubliant les hommes. Tout n’est pas parfait pour autant et la première saison souffre de quelques incohérences, justement avec la transsexualité. Pourquoi est-ce que le personnage de Yorick est identifié instantanément comme un homme, alors que les hommes trans peuvent évoluer tranquillement à côté ? Le scénario tombe à plusieurs reprises dans ce piège, qui facilite l’avancée de l’intrigue au détriment du réalisme. On pourrait aussi évoquer quelques facilités du genre, des personnages principaux qui semblent immortels face à d’autres qui disparaissent aisément, mais enfin : dans l’ensemble, Y : Le dernier homme m’a beaucoup plus, justement par le réalisme global. L’univers entièrement féminin est bien rendu, l’histoire tire correctement les conséquences de la disparition des hommes et on s’attache aux personnages principaux. Dès lors, cette annulation est vraiment dommage, d’autant que le dernier épisode se termine sur une fin prometteuse, qui laisse espérer quelques rebondissements intéressants. On n’en verra pas plus et je trouve cela bien triste.

Informations

Titre original : Y: The Last Man

Année : 2021

  • Nationalité :
  • États-Unis
  • Genres :
  • Science-Fiction & Fantastique
  • Drame

Durée : 10 épisodes de 54 minutes