Workin’ Moms, CBC Television
Créée, co-écrite, co-réalisée et interprétée par Catherine Reitman, Workin’ Moms respire la sincérité dès le tout premier épisode. La série de CBC Télévision dresse le portrait de quelques mères qui reprennent le travail après leur congé maternité. Dès le pilote, elle surprend par la franchise de son ton et de son humour, bien loin des clichés sur les mères que l’on voit trop souvent dans la fiction. Non pas que je sois le mieux placé pour juger le sujet, bien sûr, mais il est assez évident à l’écran que la créatrice a puisé dans sa propre expérience et celle de ses connaissances pour écrire les scénarios des six saisons.
Catherine Reitman imagine un noyau dur de mères que l’on suit de saison en saison. Elle se donne elle-même un rôle loin d’être toujours valorisant avec le personnage de Kate Foster, qui n’est pas toujours sympathique, ni avec ses enfants ou son mari, ni avec ses amis et encore moins avec ses collègues. C’est plutôt un requin assez terrifiant par moments, mais une caractéristique essentielle pour comprendre Workin’ Moms est qu’aucune mère n’est parfaite. Elles sont toutes, à des degrés et pour des raisons divers, profondément imparfaites quant à l’éducation de leurs enfants. Anne Carson, interprétée par l’épatante Dani Kind, est une psychologue bien peu attentive aux besoins de ses patients comme de sa famille et qui tombe dans une colère de plus en plus manifeste. Frankie Coyne (Juno Rinaldi) interprète une mère lesbienne qui est plus souvent à l’ouest et ne parlons pas de Val, la plus barrée du groupe et la plus amusante aussi ; mention spéciale au passage à son interprète, Sarah McVie, bluffante dans son rôle toujours à la frontière de la psychopathie.
Une série n’a jamais besoin de beaucoup plus qu’un bon casting pour donner vie à de bons personnages et Workin’ Moms en est la preuve. Au fil des saisons, Catherine Reitman parvient à garder le cap sans se répéter, à renouveler sa création par petites touches sans la bouleverser et à épaissir des psychologies au point de nous donner l’impression de connaître intimement ces personnages de fiction. Tout le casting du début ne reste pas jusqu’au bout, mais les scénaristes introduisent suffisamment de nouveaux personnages pour compenser et la sixième saison est excellente, sans doute parmi les meilleures de l’ensemble. C’est amusant et touchant, une combinaison payante : je recommande, en espérant que la chaîne canadienne offre à Workin’ Moms quelques saisons supplémentaires.