
True Detective, HBO (saison 4)
Au départ mini-série, True Detective a tellement impressionné que la première saison a été vite convertie en une série d’anthologie par HBO. Malheureusement, la recette si réussie des premiers épisodes n’a pas été facilement retrouvée, si bien que Nic Pizzolatto a déçu avec les deux suivantes. Le retour de la série était intrigant, d’autant que toute l’équipe a changé : outre les acteurs comme c’était le cas entre chaque saison, Issa López prend la direction de la saison et impose une toute nouvelle ambiance. True Detective, sous-titrée « Night Country », se déplace dans une ville fictive de l’Alaska, au-delà du Cercle article et en plein hiver, ce qui veut dire en pleine nuit. L’ambiance a toujours été un point fort de la création de HBO et je crois que ces six épisodes sont les meilleurs en la matière. On ne voit quasiment jamais le jour et cette manière d’être constamment dans le noir et dans ce froid glacial renforce l’histoire et lui donne une épaisseur indéniable. D’autant que les producteurs n’ont pas triché, le tournage a été mené en Alaska ou en Islande et certaines scènes ont réellement été captées dans la nuit glaciale, générant une atmosphère qu’un tournage en studio n’aurait jamais apportée.
L’autre différence, c’est évidemment le casting. S’il y a bien des hommes devant les caméras, ce sont systématiquement des seconds rôles et le plus souvent des sales types. Issa López a opté pour une saison féministe et c’est peut-être sa meilleure idée, alors que les hommes dominent encore et toujours ce genre de grosses productions. Les deux personnages principaux sont deux femmes, la cheffe de police brillamment incarnée par Jodie Foster dans un rôle de composition (j’imagine…) qui lui va à merveille et une collègue interprétée par Kali Reis, actrice et boxeuse que je découvrais pour l’occasion et dont l’intensité du jeu m’a beaucoup plu. Autour d’elles, on retrouve une galerie d’actrices dont quelques belles surprises, au premier rang desquelles la présence de l’excellentissime Fiona Shaw. Ce choix ne doit rien au hasard, la créatrice a indiqué avoir voulu inverser la première saison de True Detective qui se déroulait dans la moiteur de la Louisiane et avec un casting presque exclusivement masculin. C’est en tout cas une belle manière d’introduire des thématiques trop rares dans les séries policières, avec une approche différente et probablement des thématiques que l’on n’aurait pas abordées sans cela, comme le dérèglement climatique. La folie des hommes, sans majuscule, est aussi parfaitement rendue avec ces scientifiques prêts à sacrifier une ville entière pour mener à bien leurs recherches.
Les premiers épisodes débutent sur une ambiance légèrement fantastique que j’ai trouvé assez séduisante, tout en introduisant une crainte. J’ai vu trop de séries qui commençaient avec une belle aura de mystère se terminer sur une explication bancale qui cassait tout. Fort heureusement, il n’en est rien ici et, sans dévoiler les surprises finales, j’ai beaucoup apprécié la résolution pragmatique… tout en laissant quelques touches étranges ici ou là sur des détails. Cette quatrième saison de True Detective m’a vraiment bluffé et j’ai maintenant hâte de découvrir tout ce qu’Issa López a créé. Le succès étant au rendez-vous — ces six épisodes ont même dépassé la saison originale en termes de popularité —, HBO a renouvelé la série pour une suite, qui sera de nouveau menée par la réalisatrice mexicaine. Vivement !