
Too Much, Netflix
Lena Dunham est de retour sur petit écran1, avec l’aide de son mari Luis Felber, pour une nouvelle série, treize ans après l’excellente Girls. Pas de sitcom ici, Too Much profite de la liberté apportée par le streaming moderne pour prendre un format hybride, tant sur la durée des épisodes que le genre. C’est une comédie romantique en quelque sorte, une relecture d’un classique où une Américaine qui rêve depuis toute petite de l’Angleterre arrive à Londres et tombe inévitablement amoureuse d’un local. On peut toutefois avoir confiance en la créatrice pour ne pas reproduire la formule habituelle sans la faire exploser en mille morceaux et à cet égard, le titre est un bon avertissement. Tout est effectivement « too much » ici, les personnages hauts en couleur, les sentiments exprimés et même la mise en scène. C’est un parti pris très fort, qu’il faut accepter d’emblée sous peine de passer un très mauvais moment. Connaissant l’univers de Lena Dunham, je m’y attendais et je n’ai pas été particulièrement surpris, ce qui ne m’a pas empêché de trouver le niveau inégal. Certains épisodes sont vraiment excellents : mention spéciale au septième qui se déroule dans la famille de Félix et qui m’a évoqué le sixième de la deuxième saison de The Bear, c’est dire. D’autres sont plus frustrants à partir dans toutes les directions sans fil rouge, mais l’ensemble restant assez bref, ce n’est pas non plus rédhibitoire et j’ai passé dans l’ensemble un très bon moment.
Les personnages imaginés par Too Much sont tous excellents à leur manière et la série est démonstration éclatante des talents de Megan Stalter. L’actrice, que je découvrais par la même occasion à ma grande honte (je compte bien regarder Hacks, à ce sujet), est parfaite dans le rôle principal, elle incarne une femme complexe qu’on pourrait aisément imaginer caricaturale sans la finesse d’écriture et de mise en scène qui est mise à l’œuvre ici. Jess ne peut pas être résumée en deux mots et c’est ce qui la rend aussi attachante, elle parvient à donner le sentiment qu’on la connaît alors que la saison ne compte que dix épisodes et elle justifie à elle seule de regarder la série. À ses côtés, Will Sharpe est lui aussi épatant, dans un rôle un peu frappé qui m’a rappelé son travail dans Flowers. Sans aller aussi loin dans le délire qu’avec sa propre série, l’acteur creuse ce sillon de folie qui semble bien lui convenir et il complète admirablement l’actrice principale.
Je ne sais pas si Netflix a prévu de s’arrêter là, le succès ne semble pas avoir été au rendez-vous sur cette première saison. Too Much n’a pas besoin d’une suite de toute manière, même si cela aurait été intéressant. La série se termine d’une jolie manière, ce qui m’a bizarrement surpris. Je m’attendais à une fin moins joyeuse, peut-être à cause du chien, peut-être aussi parce que l’humour de Lena Dunham laisse toujours de la place à une grosse part de noirceur. Cela dit, c’est un final tout à fait cohérent avec le genre de la série et j’ai apprécié cette touche d’espoir dans le dernier épisode.
En réalité, ce n’est pas sa deuxième série après Girls, c’est la troisième. J’étais totalement passé à côté de Camping sortie en 2018 sur HBO, qui a manifestement fait un four complet et qui a été annulée dès sa sortie. ↩︎