Sweet Tooth, Netflix
Sweet Tooth est un parfait représentant de ces séries qui ne savent pas choisir leur public. À trop hésiter entre les adultes et la jeunesse, la série portée par Netflix ne parvient à convaincre pleinement ni l’un, ni l’autre. Cette dystopie post-apocalyptique est bien trop sanglante et meurtrière pour un enfant de dix ans, mais c’est pourtant l’âge du héros et manifestement celui qui est ciblé par les scénaristes. Trop violent pour les uns, trop enfantin pour les autres, l’ensemble n’est pourtant pas raté pour tout le monde. Malgré leurs nombreux défauts, j’ai été séduit par les deux premières saisons et par cet univers qui tente de trouver un ton plus léger pour parler de l’apocalypse et de la fin d’un monde. Jim Mickle n’est pas parvenu à signer une grande série, mais il a réussi à me convaincre de regarder la future troisième saison qui conclura Sweet Tooth et ce n’est déjà pas si mal.
Adaptée d’un comics éponyme, la série imagine un virus meurtrier qui a tué en dix ans 98 % de la population mondiale, avec des vagues toujours plus fortes qui reviennent régulièrement pour les survivants. La première saison de Sweet Tooth sortie en 2021 a forcément résonné avec notre monde marqué par la pandémie, mais ce n’est pas nécessairement le Covid-19 qui m’est venu en tête en regardant les épisodes. Voir ces derniers humains se battre pour tenter désespérément de trouver un remède et reconstruire l’humanité m’a davantage fait penser au réchauffement climatique. Surtout quand en face, des nouveaux êtres « hybrides », des enfants qui sont entre les humains et les animaux, ne peuvent pas tomber malade et essaient de construire un nouveau monde pour eux. C’est toute l’idée de la création de Netflix, qui oppose ainsi les humains condamnés à s’éteindre à des mutants pour ainsi dire qui devraient survivre face à l’apocalypse. Il n’est nullement question de super-pouvoirs ici, ces hybrides sont des enfants de dix ans au maximum tout à fait normaux, sauf qu’ils ont des traits animaux. Le héros, Gus, a ainsi les bois et les oreilles d’un cerf. Le mélange est plus ou moins marqué, avec des enfants presque entièrement humains et d’autres quasiment seulement du côté animal. Tous ne peuvent ainsi pas parler, mais Jim Mickle les représente malgré tout d’abord comme des enfants, qui ont bien du mal à survivre dans un monde aussi noir.
Ces hybrides sont une riche idée et Sweet Tooth les représente avec plus ou moins de succès. Côté pile, Gus est excellent, avec ses grandes oreilles qui signalent ses émotions de manière touchante. Côté face, Bobby est le pire du lot, avec une marionnette qui m’a rappelé le Star Wars des années 1970. Visuellement, on est sur une inspiration Ewok, tandis que ses mouvements saccadés tirent du côté de Yoda, avec un côté marionnette assez gênant, surtout sur le regard. Au-delà de ce cas particulier, la série souffre de représentations souvent trop caricaturales, à l’image du grand méchant avec ses lunettes rouges et sa grande barbe. On tire du côté du conte, un choix qui peut se comprendre pour séduire les plus jeunes, mais en même temps, le scénario évoque des actions cruelles, y compris de la torture d’hybrides. Encore une fois, cet entre-deux ne séduit personne finalement et Sweet Tooth aurait mieux fait de trancher franchement. Cela dit, je reconnais que les personages principaux sont attachants au point de me donner envie de persévérer, même si le scénario de la troisième saison semble promettre assez peu de surprises.