Sur ordre de Dieu, Hulu
Dans la famille des séries qui valorisent ce qu’elles devaient dénoncer, après Loot, je vous propose Sur ordre de Dieu. Cette adaptation d’un livre non-fictif qui mettait en parallèle les origines violentes de la religion Mormon et deux crimes au sein de la communauté Mormon est censée être une attaque en règle de cette religion américaine. Dustin Lance Black, son créateur ouvertement gay né dans ce milieu, savait pourtant de quoi il parle, mais il tombe dans un piège grossier et fini par valoriser la religion et son mode de vie rétrograde. Est-ce une demande de la part de FX ou Hulu qui ont commandé la série ? Quoi qu’il en soit, c’est une vraie déception, d’autant que ces sept épisodes souffrent de quelques longueurs et se perdent un petit peu dans les méandres de l’histoire, alors que l’intrigue policière peine à intéresser.
Le postulat de base est pourtant intéressant. Dans une petite ville de l’Utah où 99 % de la population est mormon, un horrible crime a été commis : une femme égorgée avec son bébé, quasiment décapité dans son berceau. Dans une communauté si homogène, ce crime d’une violence folle détonne et la police ne sait même pas comment le gérer, les policiers tombent comme des mouches sur la scène de crime et tout le monde est en état de choc. Sur ordre de Dieu débute sur ce décalage aux yeux de son personnage principal, le détective qui mène l’enquête et qui est lui aussi fervent croyant et pratiquant de la religion mormone. On comprend vite que ce meurtre n’est pas le fait d’un étranger, comme ils disent, mais d’un membre de la communauté et la religion elle-même devient rapidement le centre de l’attention. Dustin Lance Black semble ainsi se lancer dans une attaque en règle de cette culture rétrograde, qui asservit les femmes sous la coupe de leur mari au nom d’une divinité, une religion hypocrite qui évolue au grès des envies de ses soi-disant prophètes. Et en effet, il y a de multiples séquences historiques qui prouvent que la religion Mormon est née de la violence et du mensonge, des séquences qui culminent avec un massacre par pure cupidité, retenu dans les livres d’histoire officiels comme une légitime défense. Toutes ces séquences alourdissent quelque peu le scénario, en perturbant constamment l’enquête par des flash-backs assez lourds. Mais elles sont importantes pour replacer le contexte et rappeler les origines de la violence qui a mené aux deux crimes initiaux.
Avec de tels arguments, Sur ordre de Dieu devrait être un pamphlet cinglant contre le mormonisme. Paradoxalement, il n’en est rien. Certes, le personnage principal — incarné par un Andrew Garfield qui a toujours tendance à en faire trop et peine à offrir une prestation réaliste — a des doutes croissants. Mais d’une part, il lui faut bien trop longtemps pour se remettre en cause. Et surtout, il n’abandonne pas ses croyances et pis, la série justifie son maintien dans cette religion pétrie de haine. J’ai du mal à comprendre comment Dustin Lance Black peut encore soutenir les Mormons, lui qui a souffert pendant sa jeunesse de leur homophobie. Le résultat est là toutefois, il signe une mini-série qui ne les défend pas entièrement, mais ne les condamne pas non plus avec la fermeté attendue. Quel dommage, quelle occasion ratée.