Succession, HBO (saison 1)
Doit-on se forcer à regarder des séries qui ont bonne réputation même si ça commence mal ? Succession semblait répondre oui, avec une première saison qui débute sur une caricature grossière assez pénible et des personnages qui parviennent à se faire une place au fil des épisodes, mais termine en disant un gros non. Si vous n’avez pas regardé la série de HBO et que vous comptez le faire, arrêtez-vous ici, ça va divulgâcher.
Succession est assez universellement adorée et pour autant, l’idée de suivre cette famille d’hyper-riches à la tête d’un empire des médias aux États-Unis, façon Bolloré ou plutôt Murdoch, ne m’attirait pas spécialement. L’expérience a failli s’arrêter pour moi à la fin du pilote, qui tente de condenser bien trop d’éléments et étouffe ses personnages, les réduisant à des caricatures grossières. Logan Roy, le patriarche qui fête ses 80 ans et devrait céder sa place à son fils Kendall, mais qui décide de faire un coup d’éclat en virant au passage l’un de ses collaborateurs… pour finir avec une crise cardiaque à la toute fin, c’est un petit peu gros. Tout le monde est rangé dans une case bien définie, le père étouffant, les enfants qui ne savent ou peuvent pas s’imposer, la belle-mère qui veut tout le pouvoir. Les dialogues ne sont guère plus subtils, avec une propension assez déplaisante à faire appel à l’homosexualité de manière dégradante. En bref, Jesse Armstrong ne m’a pas laissé une bonne impression et c’est uniquement les réputations de la série et celle de HBO qui m’ont incité à continuer.
Passées les péripéties à outrance du pilote, Succession prend le temps de poser ses personnages et les scénaristes leur offrent une chance de sortir des clichés initiaux. Pas tellement pour Brian Cox, que j’ai trouvé assez plat dans le rôle du père, c’est Jeremy Strong en particulier offre à Kendall un parcours plus intéressant. Après s une première tentative ratée de mettre un terme au règne de son père, sa deuxième tentative aurait pu mener vers une série intéressante. Las, c’est comme s’il y avait un appétit sous-jacent pour le grotesque et il ressort avec force dans la dernier épisode de la saison. Si l’accident impliquant Kendall est assez gros, que dire de la récupération par son père qui en profite pour maintenir sa position à la surprise générale. C’est un deus ex machina grossier et, pour le dire franchement, agaçant. À la fin de ces dix premiers épisodes, j’ai l’impression que la série va continuer de jouer sur l’opposition entre Logan et Kendall pendant les trois saisons suivantes. Et honnêtement, je n’ai pas tellement envie de continuer à assister à ces combats puérils entre milliardaires. Quel intérêt ?