Stranger Things, Netflix (saison 4)
Netflix a modernisé les séries en se débarrassant des contraintes liées à la diffusion à horaire fixe. Comme l’entreprise n’a jamais eu de grille horaire ni de coupures pubs à respecter, elle n’a imposé aucune durée fixe et encore moins de nombre d’épisodes à ses créateurs. Alors, pourquoi ne pas imaginer qu’une saison fasse neuf épisodes, découpée bizarrement en deux parties de sept et deux ? Et surtout, pourquoi ne pas terminer cette saison sur un épisode de… deux heures et demi ? Stranger Things ne se refuse rien, quitte à faire trop long dans ce final qui aurait mérité quelques coupes franches. Néanmoins, cette quatrième saison reste dans l’ensemble un grand moment de n’importe quoi, de l’horreur bien fun et qui explique sans difficulté l’incroyable succès de cette série.
La première saison de Stranger Things a été tournée fin 2016, une éternité pour ses personnages principaux, tous des collégiens au départ. Ils n’ont pas arrêté de grandir et sont désormais à la limite de pouvoir passer pour des lycéens. La bonne idée des frères Duffer est de faire évoluer leur création en même temps que leurs personnages principaux. La saison 3 donnait ainsi dans le teen movie, place à l’horreur plus mature dans la 4. Il est toujours question du même monde à l’envers empli de bestioles horrifiques, mais le grand méchant se révèle être un psychopathe digne des pires serial-killers tandis que dans le monde réel, les meurtres sont attribués par le lycéen blanc, hétéro et populaire au groupe de jeux des héros, qualifié de culte satanique et pourchassé avec de vraies armes. Bref, l’ambiance n’est plus à la déconne et c’est une bonne piste pour renouveler une série qui donnait le sentiment de tourner un petit peu en rond dans sa saison précédente. Ce qui ne veut pas dire que tout est parfait, loin de là. À mon sens, le plus gros défaut est d’avoir éclaté autant les personnages et de ne les faire réunir que si tard. Il y a trop d’arcs parallèles et des personnages sont sacrifiés, ici c’est particulièrement le cas de Mike et de Will qui n’ont qu’un rôle secondaire. On pourrait dire qu’il faut bien alterner, mais c’est aussi le symptôme d’une trop grande accumulation de personnages et à trop s’éparpiller, on finit par s’y perdre un petit peu et surtout se désintéresser.
« Toutes les fins ont un début », prévenait l’affiche de la quatrième saison de Stranger Things, un énorme divulgâchage. Eh oui, malgré les 2h30 du dernier épisode, ce n’est pas encore la fin de l’affrontement entre Hawkins et le monde à l’envers. Une ultime cinquième saison est prévue et cette fois, elle devrait reprendre juste après celle-ci. Même si j’ai trouvé le temps long par endroits, je serai au rendez-vous pour cette conclusion, en espérant que les scénaristes perdront moins de temps sur les intrigues secondaires. J’espère aussi que le personnage de Will aura enfin droit au coming-out qui est déjà franchement à la bourre. Il y avait pourtant de multiples occasions parfaites dans cette quatrième saison et quitte à perdre du temps sur des intrigues secondaires, autant le faire avec lui plutôt que de développer des amours hétérosexuelles vues et revues. Stranger Things n’a plus qu’une saison pour redresser le tir, croisons les doigts.