Star Wars : The Clone Wars, Cartoon Network
C’est George Lucas en personne qui l’a voulu : une série d’animation pour faire le lien entre les Episode II et Episode III de la prélogie. Il faut dire que les deux films sont séparés par une énorme ellipse, une longue période pendant laquelle Anakin passe de l’adolescent à l’homme adulte, du côté clair à l’obscur de la Force. Que s’est-il passé entre les deux ? La guerre des clones, un conflit qui s’étend à toute la galaxie et qui finit par grignoter petit à petit les défenses du jeune homme. C’est assez logique dès lors de consacrer de la place à cette période, même si le créateur de l’univers de science-fiction le plus connu a de grandes ambitions et ne compte pas s’arrêter à l’histoire d’Anakin. Star Wars : The Clone Wars s’attache à décrire la guerre avec de multiples angles, y compris celui que la saga au cinéma n’avait jamais pris le temps d’aborder : les clones eux-mêmes. C’est sans doute sa meilleure idée, du moins au départ : on n’avait jusque-là jamais vu les clones dans leur quotidien, avec ou sans casque, lors des entraînements et au cœur des champs de bataille, où ils meurent par millier et dans l’indifférence générale. Cette humanisation, que l’on retrouve dans la troisième trilogie, est une excellente piste, même si elle conduit au plus gros défaut de cette série : la répétition.
En effet, si j’appréciais de découvrir le côté humain des clones en ayant l’impression de vraiment me battre avec eux dans les premiers épisodes, ce sentiment positif s’est vite écorné quand Star Wars : The Clone Wars a commencé à multiplier les combats en reprenant les mêmes schémas. Au fil des 133 épisodes, on en voit des batailles entre les deux armées, les clones d’un côté, les droïdes de l’autre, et franchement, tout devient un petit peu flou. La série n’était pas aidée au départ par sa technique : novateur comme toujours, George Lucas a voulu faire confiance à l’animation 3D, mais sans le budget ni les moyens techniques d’un Pixar. Le résultat est plutôt digne d’un jeu vidéo et encore, pas même d’un jeu sorti au milieu des années 2000. Si la technique a évolué avec les saisons, les premières sont particulièrement rudes avec des personnages rectangulaires inexpressifs, des décors vides et morts… c’est moche et plus grave, cela amplifie l’idée que l’on regarde des variations de la même histoire. Même si quelques clones sortent du lot, Rex en tête qui traverse toute la série et reste un personnage à part entière, on est dans l’ensemble face à deux armées composées de deux types et cela n’aide pas à faire sortir des points saillants. Je dois reconnaître que les scénaristes essaient de varier les contextes, mais la tâche est sans doute impossible face à un tel volume d’épisodes. Sans compter que sur un tel volume, il y a forcément des idées bien pourries : et si R2-D2 et quelques autres droïdes étaient les héros d’une mission ? Enfin, il y a bien pire : Jar-Jar condamne quelques épisodes, comme si George Lucas n’avait retenu aucune leçon de l’Episode I.
Fort heureusement, Star Wars : The Clone Wars a aussi quelques héros dotés d’une identité propre et aux parcours plus intéressants. Anakin Skywalker, Obi-Wan Kenobi, Yoda, le comte Dooku, le chancelier Palpatine ou encore le Général Grievous sont autant de personnages repris des films et que l’on connaît bien. Il y en a aussi de nouveaux, avec des sorts divers : Ahsoka, padawan d’Anakin, est indéniablement un point fort de la série, un personnage riche et intéressant, qui a droit à un parcours déchirant sur la fin, même s’il est hélas dilué avec un grand nombre d’épisodes de remplissage. Malgré tout, elle justifie à elle seule de se lancer dans la série et m’a même donné envie de revoir la série Disney+ qui ne m’avait pourtant pas tellement convaincue. Ces épisodes de remplissage, c’est vraiment la plaie des séries à l’ancienne qui doivent remplir un quota d’épisodes. Star Wars : The Clone Wars a des choses intéressantes à raconter, elle explore des thématiques jamais creusées par la saga au cinéma, notamment sur la formation des Jedi et surtout sur les tensions en interne autour de la guerre. Tous ces éléments passionnants sont toutefois noyés au milieu d’intrigues sans intérêt et d’un interminable conflit où chaque épisode ressemble au précédent. Au-delà de ça, je regrette aussi le traitement caricatural de trop de personnages et d’arcs narratifs. Il y bien a des pistes, que ce soit sur Mandalore ou alors avec les sorcières et Asajj Ventress, un autre personnage introduit par la série. Elle est pleine de promesse, mais ses intentions et ses actions sont toujours bien trop caricaturales. Alors que la série introduisait une dose d’humanité avec les clones, elle ne le fait jamais avec les méchants qui restent de grands méchants absolus, une opportunité ratée.
À l’heure des bilans, difficile de s’enthousiasmer pleinement pour Star Wars : The Clone Wars. En tant que fan de l’univers, j’apprécie l’opportunité de creuser des personnages et de combler quelques trous dans la narration principale. Cela étant, je me suis ennuyé devant beaucoup trop d’épisodes, au point même d’en sauter certains (notamment dès que « Missa » apparaît, non merci), et les épisodes vraiment intéressants étaient bien trop rares. On doit pouvoir condenser l’ensemble à une ou deux excellentes saisons, sans rien perdre réellement. La forme grossière m’a d’abord gênée et j’aurais apprécié une animation plus conventionnelle, mais je m’y suis fait. Le fond tout aussi grossier est resté, lui, à part quelques fulgurances ici ou là, l’ensemble me paraît bien oubliable. Dommage.