Star Wars : Andor, Disney+

Star Wars : Andor, Disney+

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Un spin-off du spin-off, une préquelle de la préquelle ? La promesse de Star Wars : Andor, dernière série Disney+ dans le mythique univers créé par George Lucas, avait de quoi décourager. Surtout quand on pense à la qualité au mieux correcte sans plus, au pire carrément médiocre, des autres créations du service de streaming dans ce même univers. Et pourtant, Tony Gilroy signe contre toute attente une excellente première saison en imaginant ce qui se déroule avant ‌Rogue One : A Star Wars Story, avant l’Épisode IV. Il n’est même pas encore question d’Étoile de la Mort à ce stade, tout du moins les personnages n’en ont pas conscience. Avant de voler ses plans et d’offrir une véritable chance aux Rebelles, quel est le parcours de Cassian Andor ? Non, ce n’est pas intéressant sur le papier, mais en réalité, c’est passionnant.

Comme toutes les séries Star Wars manifestement, celle-ci démarre aussi lentement. Le spectre du Mandalorien survole même quelques épisodes et j’aurais sans doute abandonné en cours de route, si je n’aimais pas autant ce monde. Bonne pioche, car si Tony Gilroy prend son temps et aurait sans doute bénéficié d’un épisode ou deux de moins sur sa saison, il a une vraie histoire à raconter et surtout de vrais personnages à présenter. Andor suit le parcours tumultueux de Cassian Andor, qui se trouve mêlé à son issue à la rébellion naissante contre l’Empire galactique. Mercenaire sur un casse qui doit apporter au mouvement les fonds nécessaires pour avancer et lancer un signal à l’Empereur, il est ensuite emprisonné dans une usine qui produit des pièces pour l’armée impériale. Petit à petit, son parcours le dirige vers la révolte, mais ce n’est pas du tout acquis d’avance et la saison entière tend vers cette conclusion, sans l’embrasser totalement pour le moment. Diego Luna reprend son rôle de Rogue One et il offre au personnage une épaisseur psychologique que seule une série peut avoir le temps d’établir. Son personnage est à l’extrême opposée de tout idéalisme au départ et il apprend petit à petit à haïr l’Empire au point d’envisager de tout offrir au mouvement. C’est un processus lent et complexe, que les scénaristes ont rendu à la perfection.

Outre ce parcours individuel, Andor tente aussi de prendre du recul et d’envisager le mouvement dans sa globalité. Alors que l’Empire renforce très progressivement son emprise sur la galaxie, les actes rebelles spontanés apparaissent un petit peu partout, mais surtout, un mouvement est en cours de formation depuis des années. La série s’intéresse ainsi à Luthen Rael (Stellan Skarsgård, magistral comme toujours), figure de proue des Rebelles qui agit dans l’ombre, depuis le cœur du pouvoir puisqu’il est officiellement antiquaire sur la planète de Coruscant. Il travaille avec une sénatrice que l’on suit également et avec Saw Gerrera, personnage clé de Rogue One que l’on retrouve ici. Cela commence à faire un petit peu de monde et il y a encore bien d’autres personnages secondaires1, notamment du côté de l’Empire avec en particulier la superviseur Dedra Meero. De quoi se sentir un petit peu perdu dans ce foisonnement d’arcs narratifs ? Parfois, mais c’est aussi à mon sens ce qui fait la force d’Andor : sa complexité nourrit son réalisme et on n’a jamais vu jusque-là un Star Wars aussi sombre et cruel. La cruauté n’est pas que du côté de l’Empire comme dans la vision manichéenne de George Lucas, elle est tout aussi nette du côté des Rebelles. Des gentils qui n’hésitent pas à faire le ménage derrière eux en tuant tous ceux qui pourraient trahir le mouvement et même à sacrifier des dizaines d’hommes dans un piège pour laisser croire à l’ennemi qu’il a le dessus. Rogue One entretenait déjà ce discours plus réaliste, mais il est encore poussé d’un cran ici et la série atteint un niveau supplémentaire dans le domaine.

Star Wars : Andor n’est certes pas parfaite. Outre les quelques longueurs que j’évoquais plus tôt, il y a bien aussi des facilités ici ou là, notamment autour de la prison et surtout de sa sortie qui semble bien simpliste. Mais je ne voudrais pas bouder mon plaisir : Tony Gilroy a réussi à faire bien mieux que toutes les autres série et même que quasiment tous les films Star Wars sortis depuis l’acquisition de Disney. Comme Rogue One avant lui, cette histoire sort du lot. Je ne crois pas que ce soit le vol des plans ou encore moins Cassian Andor lui-même qui soient la clé du succès. C’est bien plus l’idée de construire des histoires et des personnages crédibles au sein de la galaxie de George Lucas. L’objectif ne devrait pas être de multiplier les clins d’œil à ce que l’on connaît déjà, mais bien de se concentrer sur les histoires et personnages. Espérons que Disney retienne la leçon…


  1. Dont, et c’est trop rare pour ne pas le signaler, un couple lesbien. Disney oblige, leur relation reste prude au possible, elles ne s’embrassent même pas du bout des lèvres, mais enfin, leur relation est explicite et c’est une bonne nouvelle malgré tout. ↩︎

Informations

Titre original : Star Wars: Andor

Année : 2022

  • Nationalité :
  • États-Unis
  • Genres :
  • Science-Fiction & Fantastique
  • Action & Adventure
  • War & Politics

Durée : 12 épisodes de 40 minutes