Silo, Apple TV+
Dans un univers post-apocalyptique assez classique, la planète est devenue invivable et les humains se sont terrés dans un immense silo creusé sur plus d’une centaine de niveaux. Dix milles survivants se retrouvent ainsi dans cette habitation de fortune, avec une unique caméra à la surface pour rappeler sur de multiples écrans pourquoi ils ne connaîtront jamais la liberté de sortir. Tout l’intérêt de Silo est d’ajouter une autre dimension en imaginant que l’humanité a aussi perdu sa mémoire. On se souvient vaguement d’une rébellion qui s’est déroulée 140 ans avant les événements de la première saison, mais rien au-delà. Plus personne ne sait ce qu’il y avait sur la surface terrestre avant le silo, personne ne sait à quoi ressemble un océan, ni même qu’une telle étendue d’eau pouvait exister. Leur univers s’est littéralement réduit à un espace fermé, alimenté par une dynamo tout en bas et régi par des règles strictes que plus personnes ne comprend. Pourquoi les ascenseurs et les microscopes sont interdits ? Allez savoir, tout le monde a oublié et comme les reliques issues d’avant la révolution sont strictement interdites, plus personne ne peut savoir.
Un monde aussi fermé est idéal pour créer une série de science-fiction crédible. Par exemple, il n’y a aucun appareil photo, ni aucune caméra dans ce monde, si bien que le concept même d’enregistrer une image statique ou dynamique est totalement étranger aux personnages. Cela offre quelques bonnes idées sur le plan scénaristique, mais je ne veux pas trop en dire, de peux de dévoiler l’un des nombreux secrets contenus dans les dix épisodes. La première saison de Silo a la lourde tâche de dévoiler un univers et il y a beaucoup à dire sur cette société bizarre. Si l’organisation sociale basée sur la verticalité m’a parue assez peu inspirée, la richesse de l’univers imaginé par Hugh Howey m’a impressionné. L’ambiance noé-rétro est délicieusement reconstituée, avec notamment du matériel informatique sorti tout droit d’un univers parallèle bloqué dans nos années 1960. Le soin apporté à l’architecture et la décoration intérieure est aussi bluffant et on peut de manière générale saluer l’effort réalisé sur l’adaptation. Les règles du silo sont bien décrites et l’adaptation les délivre avec le bon rythme, sans trop en révéler d’emblée, mais aussi sans cacher inutilement des informations. Le rythme de la première saison est d’ailleurs excellent, ni trop lent, ni trop rapide, avec une série de surprises à la fin des épisodes qui culmine avec la révélation du dernier épisode. Je n’en dirais rien, mais j’ai hâte de voir la suite et fort heureusement, Apple TV+ a d’ores et déjà renouvelé sa série.
Il faut dire que Silo est basée sur une trilogie et la première saison rassemble le premier volet de la version écrite. On peut ainsi être rassuré sur l’avenir de la série, son arc narratif principal semble tout tracé. Je n’ai absolument aucune idée de ce qui arrivera ensuite, mais je sais que je serai au rendez-vous quand la deuxième saison sera proposée.