Shōgun, FX (saison 1)

Shōgun, FX (saison 1)

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Deuxième adaptation d’un roman américain des années 1970, Shōgun se déroule pourtant dans le Japon du XVIIe siècle. Autant dire que l’on pouvait craindre le pire, comme semblait l’être la première série, bien trop occidentalisée pour respecter le point de vue japonais. La version créée par Rachel Kondo et Justin Marks s’en sort mieux ne serait-ce qu’en faisant appel à un casting majoritairement nippon et en écrivant la majeure partie du scénario en japonais. L’impression d’être dans le Japon autour de 1600 est ainsi bien meilleure, d’autant qu’il faut saluer le travail de reconstitution, tant sur les décors que les costumes. FX a reçu les moyens nécessaires de la part de Disney pour en faire une série historique crédible et même s’il y a quelques plans visuellement un petit peu inférieurs ici ou là (des fonds verts trop visibles, surtout), il faut bien reconnaître que Shōgun est une belle réussite sur le plan technique.

L’immersion ne dure toutefois qu’un temps, lorsque l’on réalise bien vite que les occidentaux parlent tous un anglais parfait, alors qu’ils sont majoritairement Portugais. Je comprends bien qu’il s’agit d’une série américaine qui doit viser un public peu habitué aux sous-titres, mais enfin, quel dommage ! Pourquoi ne pas avoir été jusqu’au bout du principe en construisant Shōgun sur trois langues ? La domination portugaise à cette époque-là est un sujet intéressant, tout comme la christianisation forcée du Japon. Ce sont des sujets annexes toutefois dans les dix épisodes de la première saison, qui a fort à faire, il est vrai, avec les conflits qui opposent Toranaga et le conseil de régents formés suite à la mort du dirigeant précédent. Cette opposition politique et militaire est bien menée et divertissante, même si je trouve que tant qu’à faire d’inclure des Occidentaux, j’aurais préféré centrer le débat sur eux et ce qu’ils ont apporté, surtout de négatif. C’est d’ailleurs un aspect qui a été plutôt bien géré avec le personnage de l’« Anjin », ce pilote de navire anglais qui débarque sur les côtes japonaises avec ses certitudes et ses gros sabots et qui découvre progressivement la complexité et la sophistication de cette culture. Au point d’être dégoûté par ses semblables et ne plus vouloir repartir chez lui, un arc narratif que je n’aurais pas imaginé au départ.

Il y a ainsi de très bons éléments dans ‌Shōgun et j’ai apprécié la série dans l’ensemble. Malgré tout, les passages obligés m’ont semblé bien forcé, à commencer par l’histoire d’amour qu’il fallait forcément trouver pour le héros. Le fait même que le pilote soit le héros de l’histoire est d’ailleurs assez décevant. Encore une fois, c’est une série commandée par FX, je comprends bien qu’il faut intéresser le public américain. C’est difficile de ne pas ignorer que c’est le cas toutefois et je me dis que cela aurait pu être fait de manière plus subtile. Fort heureusement, le casting japonais est bon et je serai sans doute au rendez-vous pour la suite, car suite il y aura. ‌Shōgun a été pensée comme une mini-série à la base, tout en laissant une porte ouverte si le succès était au rendez-vous. Ce fut le cas, alors on aura quelques saisons de plus. De quoi parfaire la conversion au Japon du héros et s’éloigner un petit peu plus de l’Occident ? Voilà qui serait fort intéressant.

Informations

Année : 2024

  • Nationalité :
  • États-Unis
  • Genres :
  • Drame
  • War & Politics

Durée : 10 épisodes