
Sandman, Netflix (saison 2)
Peut-on aborder la deuxième saison de Sandman sans évoquer les accusations qui visent Neil Gaiman, qui est non seulement l’auteur du roman graphique original et directement impliqué dans la version produite par Netflix ? Difficile de les ignorer, d’autant que les premiers témoignages de femmes abusées par le romancier sont sortis alors que la saison terminait son tournage et alors que tout était décidé en somme. D’ailleurs, la fin de la série avec ces nouveaux épisodes ne semble rien à voir avec la polémique et c’est assez apparent en la regardant que les scénaristes ont proprement conclu l’histoire de Rêve avec ces onze nouveaux épisodes. En les regardant, le décalage entre cette série pourtant si résolument woke et les accusations si tristement banales à l’encontre de son créateur est assez cruel. Comment une œuvre qui célèbre la diversité sous toutes ses formes peut sortir de l’esprit d’un tel homme ? C’est une telle déception.
Alors forcément, mon avis sur Sandman est entaché par ce contexte, qui reste présent inconsciemment même si j’essaie de faire abstraction. Puisque Netflix a laissé passé trois ans depuis la première saison, je l’ai revue avant d’enchaîner sur la suite et avec le recul, j’ai trouvé mon avis initial un peu dur. Certes, le scénario part dans de multiples directions et chaque épisode peut sembler sans lien avec le précédent. Néanmoins, l’ensemble était d’une inventivité assez folle et ce foisonnement d’idées est vraiment réjouissant, en plus d’être très bien réalisé. Malheureusement, la suite n’est pas aussi positive. La deuxième saison poursuit peut-être sur la même lancée, elle m’a semblé plus longue et moins réussie, surtout dans sa deuxième partie. Je ne sais pas si c’est par respect pour l’œuvre originale, j’ai en tout cas regretté que les rôles de Lucifer et de Désir soient si maltraités, alors que ce sont deux personnages passionnants que j’espérais voir davantage à la fin de la saison précédente. Tout l’arc avec le fils est intéressant, même si je crois que j’aurais aimé davantage d’attention portée à Morpheus et son évolution importante. Je me demande si les scénaristes n’ont pas ajouté trop de nouveautés, au lieu de creuser davantage les bases qui étaient déjà là. Sandman multiplie ainsi les nouvelles idées et même si le divertissement reste au rendez-vous, j’ai été moins séduit que pour la saison une.
Ce visionnage complet m’a en tout cas permis de mieux apprécier la musique originale, composée par David Buckley. J’ignore pourquoi elle ne m’avait laissé aucun souvenir, alors qu’en regardant la vingtaine d’épisodes à la suite, je l’ai trouvée émouvante et très réussie. Je suis curieux de la découvrir indépendamment de la série, un album ayant été publié pour chaque saison.