
La Roue du temps, Prime Video (saison 3)
Regarder la troisième saison de La Roue du temps a été une expérience particulièrement frustrante. D’un côté, ces huit épisodes élèvent encore le niveau, si bien que la série pour Prime Video, qui avait bien mal commencé avant de redresser le tir avec une deuxième saison nettement meilleure, s’avère désormais très bonne. Certes, il reste quelques défauts ici ou la, un manichéisme encore un poil trop marqué à mon goût et quelques passages à vide, dont ici un épisode entier consacré à une bataille sans grand intérêt ou du moins, dont l’intérêt est mal exprimé. Malgré tout, on est maintenant dans de l’heroïc-fantasy de qualité et la création de Rafe Judkins n’a plus tellement à envier aux plus grands noms de la catégorie. Le dernier épisode est même vraiment excellent, avec une montée en puissance du dragon réincarné et la promesse d’enjeux encore élevés dans la suite… sauf qu’il n’y aura pas de suite.
Amazon a en effet décidé de couper court à la saga et ne renouvellera pas La Roue du temps. C’est son droit et on peut même considérer la décision légitime, qu’andin en juge aux coûts de production qui doivent être énormes — les effets visuels, bien qu’imparfaits toujours, ont d’ailleurs bien progressé — tandis que le nombre de spectateurs reste loin des espoirs du service de streaming. Néanmoins, l’annulation aurait pu être bien mieux gérée : le scénario a manifestement été écrit avec l’idée d’une suite, la fin est évidemment pensée pour mener vers autre chose et le spectateur est laissé en plan sans savoir ce qui va se passer. C’est d’autant plus agaçant que la série gagnait en qualité saison après saison et si la tendance se poursuivait, elle aurait pu devenir excellente. Cette troisième saison permet aux personnages de gagner encore en profondeur, j’ai particulièrement bien aimé le parcours de Rand, qui est un héros bien plus riche et complexe qu’on pouvait l’imaginer au premier abord. Mon seul regret est le manque de temps accordé à sa psychologie, la faute en partie à une multiplication d’intrigues secondaires pas toujours aussi intéressantes, alors que le format reste inchangé avec huit épisodes d’une heure. J’imagine que La Roue du temps aurait suivi une trajectoire bien différente s’il était clair que cette saison allait être la dernière et même si on ne voit jamais trop souvent l’excellente Shohreh Aghdashloo, son arc narratif aurait sans doute pu être éliminé au profit du reste.
Malgré tous ses défauts et surtout sa fin prématurée, La Roue du temps reste une série que je recommanderais aux amateurs du genre. Amazon a mis les moyens pour adapter les romans et on voit rarement des univers d’une telle ampleur dans une série qui prend le temps de poser ses personnages et n’est pas pressée par le format court d’un long-métrage.