RIPLEY, Netflix
Si vous avez la chance de n’avoir ni lu le roman original de Patricia Highsmith, ni vu l’une de ses adaptations précédentes au cinéma, le plaisir de la découverte n’en sera que plus grand et vous devriez évidemment arrêter immédiatement votre lecture. RIPLEY est une nouvelle adaptation de Monsieur Ripley, la première destinée au petit écran, même si la création de Steven Zaillian pour Netflix a tout l’air d’un long-métrage. C’est peut-être le choix du noir et blanc, d’ailleurs magnifique, avec des jeux d’ombres et de lumières qui font remarquablement écho aux multiples allusions à Caravage qui émaillent l’intrigue. C’est sans doute aussi le tournage réalisé sur place, en Italie, dans les différentes villes où l’action se déplace, de la côtière Satrani jusqu’à Venise, en passant par Naples, Rome ou même Palerme. On sent que les moyens ont été donnés pour cette relecture du thriller et ils ont été bien exploités, le résultat est magnifique et rafraichissant face à des séries systématiquement colorées.
L’histoire elle-même m’a surpris à plusieurs reprises, ce qui est une excellente chose. Je ne m’attendais pas à ce parcours et j’ai trouvé que le scénario gérait parfaitement bien les multiples rebondissements. On sent bien que le premier meurtre est presque un accident, avec une séquence exceptionnellement tendue pendant laquelle le personnage tente de s’en sortir sans se faire prendre. Le choix d’Andrew Scott est évident quand cette scène apparaît à l’écran : l’acteur est pile dans le bon ton, avec cet air détaché, presque indifférent, alors qu’il est en train de tuer l’homme qu’il aime et de masquer tant bien que mal ses traces. Comme le spectateur le découvre par la suite, c’est un trait de caractère qui lui correspond tout à fait : il peut être d’apparence jovial, tout en étant froid et calculateur. Sa fausseté n’est apparente que pour de rares personnages, les autres se font avoir par son apparente sympathie et c’est ce qui lui permet de tenir si longtemps. La tension qui s’instaure avec l’enquête de police qui débute suite à son second meurtre est de nouveau extrêmement bien dosée. RIPLEY parvient à instaurer et maintenir un suspense intense jusqu’au bout, avec un parcours qui surprend régulièrement. Il y a bien quelques facilités ici ou là, même si dans l’ensemble, j’ai trouvé que l’intrigue tenait la route et que le parcours du personnage restait crédible. Si le choix des années 1960 aide naturellement, il faut aussi saluer le travail des acteurs et notamment du principal, qui vend le personnage avec beaucoup de conviction. Une belle réussite.