Ragnarök, Netflix (saison 3)
Comment juger une série qui se termine sur la pire idée ? Après deux saisons fort sympathiques, bien que trop courtes à chaque fois, Ragnarök se termine avec six nouveaux épisodes qui semblent dans la continuité et qui continuent de monter vers le fameux affrontement entre géants et dieux promis depuis le départ. Cette relecture des mythes nordiques à la sauce adolescente sur fond de réchauffement climatique explore une bonne idée pour Magne/Thor et son marteau. Maintenant qu’il a récupéré ses pouvoirs, le lycéen timide et mal dans sa peau des débuts a cédé la place à un jeune homme — bien trop vieux pour jouer un garçon de 18 ans, mais passons — sûr de lui, peut-être un peu trop. Il s’éloigne de ses idéaux, oublie l’environnement et se lie même d’amitié avec ses ennemis jurés. C’est une bonne idée d’explorer ce pan des super-héros souvent ignoré, même si avec un format toujours aussi court, cela joue des tours à la création de Netflix.
Depuis le début, le personnage de Laurits/Loki n’a pas toute la place qu’il mérite et c’est encore plus sensible dans cette ultime saison. Même s’il a droit à une histoire d’amour toute mignonne avec le vendeur de burgers de la ville et même s’il devrait jouer un rôle central dans le conflit mythique, il semble constamment en retrait. Mais enfin, Ragnarök reste sur la voie tracée au départ et reste très plaisante, avec un pénultième épisode qui aurait été une fin parfaitement satisfaisante pour toute la série. Quelle mouche a piqué Adam Price en imaginant ce sixième épisode ? Si vous voulez garder encore un petit peu de surprise, arrêtez ici votre lecture, car je n’ai pas le choix que de parler de ce final. En essayant de conclure les trois saisons avec une histoire fermée, les scénaristes ont commis une erreur hélas assez classique dans la fiction. Ils ont annulé tout ce qui précède, en nous faisant croire que le grand combat entre géants et dieux n’était qu’un rêve, enfin en l’occurrence un effet secondaire des troubles psychologiques de Magne. C’est en contradiction parfaite avec le début et c’est une fin franchement minable pour le message écologique pourtant fort et bien mené auparavant. Le message, ce serait que pollution générée par Jutul Industries et le dérèglement climatique planétaire étaient aussi dans sa tête. Euh, OK boomer ?