Prisme, Prime Video
Prisme ressemble fort à un Euphoria italien, à tel point que ses deux créateurs, Alice Urciuolo et Ludovico Bessegato, ont cité la série de HBO comme référence. Les premiers épisodes sont d’ailleurs peut-être un petit peu trop proches pour leur propre bien. La série démarre assez lentement, avec un ensemble de lycéens, leurs problèmes amoureux, les réseaux sociaux, de la drogue… et pour être honnête, on a été à deux doigts de laisser tomber. Je vous conseille de persister néanmoins, car la création de Prime Video trouve son rythme et parvient même à devenir une excellente première saison. Les derniers épisodes sont à l’opposée des premiers : l’histoire de Marco et Andrea est touchante et parfaitement racontée et j’étais un petit peu triste de voir l’écran noir à la toute fin. Fort heureusement, la série a été renouvelée pour une deuxième saison et je ne manquerai pas ce rendez-vous.
L’un des intérêts avec ce début au ralenti, c’est que le scénario ne révèle pas tout d’un coup. Prisme suit le quotidien de deux jumeaux, Andrea et Marco, et notamment leurs relations romantiques. Au départ, tout semble assez banal et parfaitement hétérosexuel, mais l’intrigue dévoile progressivement le côté queer d’Andrea, qui se travestit à l’abris des regards et ne semble pas aussi indifférent qu’il veut bien initialement l’admettre face aux avances d’un camarade de classe sur les réseaux sociaux. Bien sûr, ces avances sont faites à un compte privé sur les réseaux sociaux où il se fait passer par une femme, ce qui complique la situation. Les personnages débutent de façon assez caricaturale, surtout Daniele, représenté comme un rappeur on ne peut plus cliché, collier en or autour du coup. Au fil des épisodes, les scénaristes parviennent toutefois à nous surprendre et à les faire évoluer de manière significative. Tous ne sont pas traités avec autant d’attention bien sûr, mais il y a suffisamment d’épaisseur psychologique à la fin pour redresser le niveau.
Et puis, Prisme brille par le talent assez incroyable de son acteur principal. Alice Urciuolo et Ludovico Bessegato expliquent qu’ils cherchaient deux vrais jumeaux pour incarner Andrea et Marco, mais ils ne trouvaient pas et Mattia Carrano les a impressionné par sa capacité à incarner instinctivement les deux. On comprend sans peine pourquoi ils ont choisi le jeune acteur : il parvient en effet à créer deux personnages à la fois physiquement (presque) identiques et psychologiquement totalement différents. Il change son jeu du tout au tout pour passer de l’un à l’autre et c’est assez bluffant de penser à la complexité de toutes ces scènes où les deux jumeaux discutent, des scènes nombreuses tout au long de la saison pour ne rien simplifier. En tout cas, je crois que ce jeu de Mattia Carrano est une raison suffisante pour regarder Prisme et je suis curieux de suivre sa future carrière. D’ici là, j’espère que la saison suivante sera aussi bonne, mais je ne suis pas trop inquiet.