Platonic, Apple TV+
Platonic pourrait être une comédie romantique tout à fait banale si, comme le titre le suggère bien, il n’était pas question d’amour. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de cette série portée par Apple TV+ : imaginer un couple qui a une relation strictement amicale, mais néanmoins tout aussi explosive que s’il s’agissait d’une rencontre amoureuse. Will, interprété par un Seth Rogen en grande forme, et Sylvia, incarnée par une épatante Rose Byrne, se connaissent depuis toujours, mais ils s’étaient perdus de vue quand la saison débute. Elle n’a jamais apprécié celle qui est désormais son ex, il menait une vie à l’opposée de la sienne, bref, ils étaient devenus presque étrangers. Mais quand ils se retrouvent, l’alchimie est intacte et le couple se reforme comme si de rien n’était, au grand dam du mari de Sylvia qui se sent un petit peu jaloux, même s’il sait qu’il n’a rien à craindre sur le plan sentimental.
La saison est assez courte avec ses dix épisodes d’une demi-heure, mais elle prend bien le temps de poser ses personnages et leur psychologie. J’ai tout particulièrement apprécié le personnage de Sylvia, qui a abandonné sa carrière pour ses trois enfants et qui se retrouve dans une sorte de crise de milieu de vie à ne pas trop savoir que faire maintenant qu’elle n’a plus besoin d’être une mère au foyer. L’actrice compose une femme un petit peu perdue et son interprétation est incroyable de justesse. Face à elle, Will est tout aussi perdu, mais pour des raisons différentes et la caricature initiale de brasseur hipster cède vite la place à un personnage tout aussi complet et complexe. Platonic repose entièrement sur les quatre épaules de ce duo et les deux acteurs semblent en parfaite harmonie, tout comme leurs personnages. Le scénario est par ailleurs incisif, il n’évite jamais les côtés un peu sombres des deux personnages et les sujets qui fâchent. J’oublierai juste l’ultime épisode, qui cherche à tout prix un happy-end assez malvenu je trouve, car il casse tout ce qui avait été construit jusque-là et un message bienvenu autour de l’idée que l’on peut avoir une vie satisfaisante même en étant paumé. C’est un petit peu dommage de terminer sur cette note en demi-teinte, mais la série est par ailleurs une belle réussite que je recommande sans hésiter.