Planète Préhistorique, Apple TV+
Le concept derrière Planète Préhistorique est simple : c’est un documentaire animal, mais à l’ère préhistorique. Le style est rigoureusement le même que des centaines de documentaires similaires et le choix de David Attenborough pour la narration renforce cette proximité. Le scientifique a déjà narré des dizaines (centaines ?) de documentaires et son style est reconnaissable entre tous. Si vous aviez regardé le documentaire Notre Planète diffusé par Netflix il y a quelques années, par exemple, vous serez en terrain connu. On retrouve le même découpage géographique, avec des épisodes thématiques qui traitent l’un des côtes, l’autre des forêts, le troisième des déserts. Au sein de chaque épisode, on retrouve encore la même narration, avec des séquences dédiées à un ou deux animaux, des passages sur la reproduction, d’autres sur l’alimentation et par moment des anecdotes croustillantes. Même les travers du genre, comme les séquences d’action rythmées par Hans Zimmer qui pourraient difficilement être plus caricaturales, sont conservés.
Mais là où le créateur d’un documentaire animalier doit poser ses caméras au milieu de nature et faire preuve de patience, les concepteurs de Planète Préhistorique ont été obligés de recréer les dinosaures et ptérosaures qu’ils veulent présenter. C’est là toute la difficulté de l’entreprise et on comprend alors mieux la présence de Jon Favreau à la production ainsi que du studio MPC à l’animation. Le duo a déjà eu l’occasion de créer des créatures numériques photoréalistes pour les relectures de deux classiques Disney, Le Livre de la Jungle et Le Roi Lion, et c’est cette même technique qui a été reprise ici. Avec un succès assez fou, il faut bien l’admettre. À part sur quelques plans ici ou là, les séquences créées de toute pièce pour cette série documentaire diffusée par Apple TV+ sont bluffantes. À plusieurs reprises au fil des cinq épisodes, j’ai réussi à oublier tout le dispositif numérique et prendre ce que je regardais pour un vrai documentaire, comme si on avait réussi à remonter le temps et envoyer une équipe de tournage il y a 66 millions d’années.
C’est bluffant sur la forme, moins sur le fond. Vous apprendrez peut-être quelques informations nouvelles sur les dinosaures, notamment parce que Planète Préhistorique se base sur des recherches récentes qui ont par exemple découvert que les vélociraptors popularisés par Jurassic Park ressemblent davantage à des gros poules à dents avec leurs plumes. Néanmoins, le ton reste simple et le documentaire privilégie toujours le spectaculaire, là où j’aurais aimé des informations complémentaires. En particulier, je trouve que les scénaristes auraient mieux fait d’intégrer les travaux de recherche et surtout les spéculations des spécialistes dans le mix. On aurait perdu en immersion, peut-être, mais Planète Préhistorique aurait pu rester accessible, tout en intégrant une partie des recherches et raisonnements scientifiques. À l’arrivée, j’ai même trouvé les quatre ou cinq minutes d’explications qui accompagnent chaque épisode plus intéressantes, ce qui est tout de même dommage. Cela étant, si vous en étiez resté à la vision proposée par Steven Spielberg, ce faux documentaire techniquement remarquable est une remise au goût du jour divertissante qui vaut la peine d’être vue.