#Philo : Sapere aude, Movistar Plus+
Netflix propose en France #Philo : Sapere aude, mais pas #Philo dont elle est dérivée. M’en rendant compte un petit peu tard, j’étais déjà bien avancé dans la première saison et j’avais accroché au concept. Après avoir vu les deux saisons, peut-être que je regarderai les trois originales, mais les deux séries sont au fond assez indépendantes. Et cette version dérivée commandée par la chaîne espagnole Movistar Plus+1 s’est avérée en outre décevante, avec un tournant trop marqué sur la deuxième saison. La première s’impose avec un ton léger, évoque des étudiants en première année de philosophie qui débattent en cours de la façon la plus irréaliste qui soit et qui ont des relations amicales et amoureuses plus normales. Le personnage principal, Pol, sort d’une relation sexuelle avec son ami Bruno et il a du mal à accepter sa bisexualité. Son parcours est intéressant, avec une représentation positive de son orientation sexuelle, sans drame artificiel et sans tomber dans l’angélisme. L’ouverture de la série sur ces sujets était rafraîchissante, mais tout bascule après le huitième épisode.
La deuxième saison reprend avec un casting réduit et de nouvelles têtes pour compenser. L’acteur qui joue Bruno juge que son personnage a été maltraité, ce qui n’est pas totalement faux, et il n’a pas souhaité reprendre le rôle. Une actrice argentine est bloquée dans son pays à cause de la pandémie et elle ne peut pas participer au tournage. Mis bout à bout, ces changements ont forcé les scénaristes à réécrire et #Philo : Sapere aude a beaucoup perdu. La joie initiale est en outre écrasée par le choix d’introduire le SIDA, ce qui est à la fois un thème encore essentiel pour les gays et c’est à cet égard bien d’en parler, et un piège pour bon nombre de fictions qui s’enferment alors dans le prisme de la maladie. Les créateurs de la série tentent de l’éviter, sans y parvenir tout à fait et les épisodes sont plombés par cet horizon assombri. Toute la joie semble quitter la création de Movistar Plus+ et la restriction à 16 ans en raison de la présence de nudité et de sexe promise au début de chaque épisode semble bien ridicule. Il y avait pourtant de quoi faire dans cette deuxième saison, avec notamment le personnage de Dino et son bar, ou encore avec Axel qui aurait pu donner une belle histoire pour Pol. Mais non, tout semble interdit et c’est assez triste.
#Philo : Sapere aude reste une série divertissante, surtout pour sa première saison. Ses personnages manquent parfois de finesse psychologique, mais le casting est excellent avec une mention spéciale pour Carlos Cuevas qui est parfait dans le rôle principal. María Pujalte dans le rôle de l’odieuse prof de philo est un poil caricaturale par endroits, mais son parcours est bien mené et elle l’incarne remarquablement. Le choix de la musique classique détonne et fait mouche, surtout dans la première saison où l’on s’attendrait à une bande originale plus moderne. Bref, il y a de bons éléments, mais je n’arrive toujours pas à comprendre comment la même équipe a pu réaliser deux saisons aussi différentes.
Ce n’est pas une erreur, c’est bien deux plus. Il fallait oser. ↩︎