Peaky Blinders, BBC One (saison 6)
Peaky Blinders a toujours impressionné par son style radical, mais depuis le pilote diffusé en 2013 — il y a presque dix ans de cela ! —, la création de Steven Knight n’a pas toujours su se renouveler. Je mentionnais déjà à propos de la cinquième saison une tendance inquiétante à la caricature, un piège dans lequel tombent trop facilement les séries au style marqué, mais cela se confirme malheureusement dans cette sixième, et dernière, saison. Les personnages passent au second plan et il reste surtout l’image hyper contrastée et presque même dans le noir dans trop de séquences, la musique anachronique et un réel sens de la mise en scène qui oublie un petit peu trop souvent qu’elle devrait être au service d’une histoire pour rester utile.
Je suis peut-être un peu dur, Peaky Blinders se trouve une conclusion peu surprenante, mais assez logique, entre montée au pouvoir du fascisme et querelles intestines au sein de la famille Shelby. Mais sans aller jusqu’à dire que je me suis ennuyé, je dois aussi admettre que cette saison marque le pas et peine à autant convaincre. Les scénaristes ont un petit peu de mal à nous faire comprendre leur direction et en particulier toute la revanche de Tommy, attendue après le final de la saison précédente, est assez floue. On a parfois l’impression que le thème a été oublié et ramené à la toute fin, avec une longue séquence d’anthologie certes, mais enfin, on ne voit pas trop ce qu’elle vient faire d’un coup. De même, tout l’arc narratif autour des fascistes n’est pas clair et les réflexions du personnage principal semblent simplistes et même assez stupides. Son idée de renverser le mouvement de l’intérieur ne donne jamais rien, si ce n’est de renforcer la position des partisans de Hitler… ce qui semblait évident dès le départ de toute manière. Ajoutons à l’ensemble une intrigue secondaire entre Mickael et Tommy qui est, elle aussi, comme oubliée l’essentiel du temps et ramenée à la toute fin.
Cette sixième saison de Peaky Blinders donne en réalité plus le sentiment de n’être là que pour céder aux demandes de la BBC, qui a naturellement voulu capitaliser sur la réussite de la série. Steven Knight aurait mieux de s’arrêter à la saison 5, voire à la quatrième qui était plus dans l’esprit originale. Les fans seront peut-être satisfaits de retrouver tous les personnages pour six nouveaux épisodes, mais j’ai trouvé que cette saison ressemblait trop à une caricature de Peaky Blinders sans histoire à raconter, qu’à une fin digne de ce nom.