Pachinko, Apple TV+ (saison 2)

Pachinko, Apple TV+ (saison 2)

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La première saison m’avait bluffé par sa capacité à déployer une fresque familiale entre la Corée et le Japon et toucher l’universalité à travers un exemple spécifique. Apple TV+ avait naturellement commandé une suite et Pachinko ne déçoit pas avec ces huit nouveaux épisodes qui avancent dans le temps vers les années 1950 et déploient toujours un petit peu plus le puzzle de la famille de Sunja. Deux époques seulement s’entrecroisent ici, une de moins que dans la précédente saison, ce qui simplifie les enjeux sans rien enlever à la délicieuse sophistication d’un scénario qui entremêle avec délice les périodes. Dans cette suite, j’ai particulièrement apprécié le rôle de Noa, qui semble tout naturellement associé à un personnage des années 1980 jusqu’au moment où l’on découvre qu’il s’agit d’une toute autre personne. Cela relance la dynamique de la série avec une interrogation sur son avenir, sans obtenir nécessairement de réponse au cours de ces épisodes — il faut bien en garder sous le coude pour la saison suivante, naturellement.

En attendant, Pachinko continue de creuser le sujet de la discrimination contre les Coréens par les Japonais, même s’il occupe peut-être un peu moins de place. Ou plutôt, il n’occupe pas le centre de l’attention tout en étant partout : que ce soit dans la campagne où la famille se réfugie à l’été 1945 pour échapper aux tristement célèbres bombardements ou dans le Japon des affaires des années 1980, le sujet revient constamment sur la table. Les personnages ont beau faire tout ce qu’ils peuvent, se battre trois fois plus que les autres, leur origine revient toujours sur la table et surtout cette façon de ne pas avoir réellement de lieu d’origine. Certains sont attirés par la Guerre de Corée qui éclate au cours de cette saison, d’autres au contraire veulent fuir la région et partir vers d’autres horizons comme les États-Unis. Toutes ces réflexions se concentrent en quelque sorte sur la fin de l’arc narratif initié dans la saison précédente, où un riche Japonais veut acheter la maison d’une Coréenne au cœur de Tokyo pour construire un immense parc hôtelier. Elle s’accroche à sa modeste maison justement parce que c’est chez elle, un lieu qu’elle a pu acheter une bouchée de pain après la guerre, car les Japonais n’en voulaient pas. Un lieu qui redevient prisé et qui la force in fine à déménager encore une fois, enrichie financièrement certes, mais appauvrie humainement.

Pachinko m’a encore une fois impressionné et j’ai vraiment hâte de voir la suite. Soo Hugh poursuit son excellent travail d’adaptation et parvient à nous enthousiasmer pour ses personnages en révélant de nombreux aspects de leur vie tout en laissant autant de questions ouvertes. C’est tout à la fois passionnant sur le contexte historique et ce conflit racial que l’on connaît au fond assez mal et réjouissant sur les récits intimes de cette famille coréenne au Japon. Un grand moment, que je recommande sans hésiter.

Informations

Année : 2024

  • Nationalité :
  • États-Unis
  • Genre :
  • Drame

Durée : 8 épisodes