One Piece, Netflix
One Piece est peut-être la première adaptation convaincante d’un manga en images réelles. C’est loin d’être la première et Netflix s’était déjà cassé les dents à plusieurs reprises sur cet exercice manifestement difficile. Je connais l’œuvre originale de nom, bien entendu, mais je ne l’ai jamais lue. Ce qui ne m’a pas empêché d’apprécier cet univers de piraterie loufoque et ses personnages hauts en couleur. Malgré quelques défauts, cette première saison m’a bien plu et j’espère que Matt Owens et Steven Maeda pourront poursuivre leur travail sous la supervision manifestement bénéfique d’Eiichiro Oda, l’auteur du manga.
Si vous ne connaissez rien à One Piece, mieux vaut savoir qu’il ne faut pas s’attendre à une histoire sérieuse. On est dans l’esprit d’un Pirate des Caraïbes, mais bien déjanté, avec des personnages qui ont des pouvoirs étranges à commencer par le héros, Monkey D. Luffy et son corps élastique. Depuis tout gamin, il rêve de retrouver un mythique trésor et de devenir roi des pirates et cette première saison est l’occasion pour lui d’affronter quelques opposants dangereux, de trouver son équipage et un navire. Le scénario commence avec un seul personnage à bord d’un rafiot qui fuit et se termine sur un vrai bateau, avec un équipage de quelques personnes qui se sont greffées au fil des épisodes et des aventures. Petit à petit, l’univers se met en place, avec ses règles étranges et qui piquent des idées absolument partout. Les arts martiaux se retrouvent mêlés aux duels au pistolet et il n’y a strictement aucune cohérence, avec un néon électrique qui peut éclairer un bar dans ce qui ressemble pourtant aux Caraïbes du XVIIIe siècle. Ce n’est pas un défaut, tout est voulu pour brouiller les pistes et former un immense bazar qui surprend d’abord par son enthousiasme. À l’image du personnage principal, la série n’oublie jamais de faire preuve d’un optimisme et d’un second degré constants. On ne se prend pas trop au sérieux et on sait que les enjeux restent toujours assez légers. Ce n’est pas comme si on craignait sérieusement pour la vie du héros ou de ses acolytes et même les méchants ont une capacité étonnante à ne jamais mourir pour de bon.
Les huit épisodes avancent à un bon rythme et il y a une myriade d’actions et quêtes dans cette première saison… mais en même temps, il ne se passe pas grand-chose non plus. On sent qu’il faut établir l’univers et ses règles bizarres et One Piece demande un petit peu de patience, tout en se terminant assez abruptement pile quand ça devrait devenir plus intéressant. Netflix n’a pas encore officiellement renouvelé sa série pour une deuxième saison et on sait que les grèves retarderont sa sortie, mais il ne fait guère de doute qu’il y aura une suite. J’espère que les créateurs maintiendront le cap et resteront sur ce ton léger, enfantin même parfois, qui fait le charme de leur adaptation. Il y a manifestement encore de quoi raconter avec le manga publié depuis 1997 et qui compte plus de cent volumes…