Obi-Wan Kenobi, Disney+
La première série pour Disney+ dans l’univers Star Wars faisait le pari du feuilleton à l’ancienne et The Mandalorian souffre cruellement de ce choix étrange à mon avis. Fort heureusement, ce n’est pas la seule direction suivie par le service de streaming, la preuve en est cette nouvelle série1 qui adopte un format beaucoup plus moderne. Obi-Wan Kenobi se déroule pile entre la prélogie et la trilogie initiale, au moment charnière où l’Empire est en train de fermer ses griffes sur l’univers, alors que Luke et Leia sont encore des enfants loin de se douter de leurs futurs rôles et alors qu’Anakin devenu Dark Vador cherche toujours à se venger d’Obi-Wan, son ancien maître Jedi. Un cadre familier qui permet aux scénaristes de creuser une histoire nouvelle, mais tout en tissant des ponts entre deux longs-métrages de la saga.
Obi-Wan Kenobi a été conçu à l’origine comme un film destiné au grand écran, puis au cours des années comme une trilogie à part entière. Les mauvais résultats des films dérivés de la saga principale et le lancement de Disney+ ont dérouté le projet vers le petit écran, mais on retrouve dans cette origine le sentiment d’avoir une histoire continue. Même si d’autres saisons pourraient suivre — après tout, il reste encore neuf ans avant Star Wars, Épisode IV : Un nouvel espoir —, celle-ci se suffit à elle-même et les six épisodes ont une structure d’ensemble nette. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas quelques flottements ici ou là et d’ailleurs, le départ assez mou laisse craindre de revoir un nouveau The Mandalorian, où le bébé Yoda aurait cédé la place à la petite Leia. Heureusement, cette mauvaise impression disparaît vite et l’intrigue s’active, surtout quand Dark Vador entre en scène. Je dois dire que j’ai été surpris de retrouver le personnage mythique dans cette série, j’aurais pensé qu’ils garderaient son aura de mystère de la trilogie initiale. À l’arrivée, je suis partagé : d’un côté, le duo entre Anakin et Obi-Wan fonctionne toujours aussi bien et leurs affrontements sont convaincants, surtout le dernier qui parvient même à être touchant2. En même temps, Dark Vador fonctionne surtout parce qu’il est hors d’atteinte et en l’exposant ainsi, le voir autant et le voir aussi maladroit casse un petit peu de magie. Et puis, essayer de monter un suspense sur un combat entre les deux personnages est idiot, on sait très bien qu’ils vont tous deux s’en sortir…
Cela étant, je comprends pourquoi les scénaristes ont choisi d’inclure le personnage, il est essentiel pour lier la série à la saga et augmenter les enjeux. Sans lui, que resterait-il à Obi-Wan Kenobi ? Une galerie de personnages secondaires sans intérêt, à l’exception notable de la jeune Leia remarquablement interprétée par Vivien Lyra Blair, et des intrigues secondaires d’un profond ennui. On est dans l’univers de Star Wars, alors il est entendu que le réalisme n’est pas de mise, mais quand même : les méchants qui ne tuent aucun gentil, les gentils qui tuent des méchants à la pelle et qui s’échappent aisément alors qu’en face il y a une force de frappe incomparable. Cette désinvolture enlève tout enjeu dramatique et on s’ennuierait ferme s’il n’y avait pas Obi-Wan et Dark Vador. Le pompon, c’est quand même cette méchante qui ne meurt pas alors qu’elle a été terrassée d’un coup de sabre laser et qui sert de moteur grossier à toute la fin de la série.
Techniquement, c’est la troisième chronologiquement puisque Disney+ a aussi sorti Le Livre de Boba Fett, mais elle ressemble tant à une redite que je préfère m’abstenir. ↩︎
J’ai particulièrement apprécié le mélange des voix de Hayden Christensen, qui reprend au passage son rôle d’Anakin dans une scène où il a été horriblement mal rajeuni, et James Earl Jones qui a toujours été la voix de Dark Vador et qui n’a pas perdu de sa superbe. En face, Ewan McGregor a bien vieilli et il est crédible en futur « Ben ». ↩︎