Monarch: Legacy of Monsters, Apple TV+
Le Godzilla de Gareth Edwards que j’avais moyennement apprécié lors de sa sortie a lancé sans doute à son insu le « MonsterVerse », un énième univers cinématographique inspiré par le succès de celui de Marvel. Cette fois, les plus gros monstres du cinéma s’y retrouvent, Godzilla donc, King Kong aussi et quelques bestioles sorties de l’imagination des scénaristes. Monarch: Legacy of Monsters s’inscrit dans cet univers, puisque la série d’Apple TV+ est le sixième volet de la saga, après plusieurs longs-métrages que je n’avais vraiment pas envie de regarder, notamment parce que l’idée de faire affronter Godzilla et King Kong me semblait — me semble toujours — idiote et paresseuse. Autant dire que je ne me suis pas précipité sur la série, que j’ai tout de même regardée par curiosité polie.
Après les dix épisodes qui constituent la première saison, je ne regrette pas et je serais peut-être même curieux de voir la suite. Monarch: Legacy of Monsters a le mérite de prendre le temps de poser des personnages et de reléguer les monstres au second plans, ce qui me semble la seule voie intéressante à suivre. Si Godzilla est bien présent et si King Kong passe une tête une fois ou deux, ces créatures mythiques sont secondaires et l’intrigue se concentre sur les humains. Le scénario se construit sur un bon demi-siècle, entre la fin des années 1950 et le milieu des années 2010, et suit ainsi des personnages sur plusieurs années, tout en justifiant les actes du présent par ceux du passé. Ce n’est pas l’idée la plus originale qui soit, certes, c’est en tout cas un dispositif qui fonctionne assez bien en laissant au spectateur le soin de reconstituer le puzzle progressivement. Cela permet aussi d’accorder aux personnages davantage de place et de leur offrir une psychologie plus creusée. Dans cette version, j’ai apprécié le travail sur les relations familiales, moins les flashbacks assez lourds comme toujours, même s’ils étaient heureusement rares. La série créée par Chris Black et Matt Fraction s’est ainsi avérée divertissante sans trop se reposer sur les monstres, ce qui était sans doute la meilleure option. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’était une excellente série, mais je n’attendais déjà pas tant.