Miss Marvel, Disney+
On connaissait Captain Marvel, voici Miss Marvel. Et non, ce n’est pas la fille de, ni une préquelle, c’est bien un tout nouveau personnage du toujours plus gigantesque univers cinématographique Marvel que l’on a l’occasion de découvrir dans cette nouvelle série Disney+. On commence à avoir bien l’habitude des introductions de super-héros depuis Iron Man il y a bientôt une quinzaine d’années de cela et on ne peut pas dire que Bisha K. Ali dévie de manière significative de la ligne directrice, même si elle tente une vision méta plutôt réussie par ailleurs, où l’héroïne est tout d’abord elle-même une fan absolue des super-héros et notamment de Captain Marvel. Passée cette introduction amusante, vous serez en terrain connu : découverte d’un artefact qui donne à notre adolescente des super-pouvoirs et un combat fondateur qui lui permet de passer de Kamala Khan à Miss Marvel.
Je ne peux pas dire que je me suis ennuyé, cette série comme toutes les autres proposées par Disney+ ayant le bon goût de rester courte avec six épisodes d’une bonne demi-heure chacun. Et alors que l’on avait arrêté l’insupportable Moon Knight à mi-parcours, nous avons bien terminé celle-ci, preuve qu’elle est un minimum divertissante. Miss Marvel a la bonne idée de ne pas tant compter sur les combats et de privilégier les histoires secondaires, en mode teen-movie pas très original, mais qui saura séduire le public le plus jeune1. Le service de streaming tente aussi la carte du dépaysement, avec cette fois des personnages américains issus de l’immigration pakistanaise. L’intrigue se déroule en majorité à New York Jersey City, comme 98 % des histoires de super-héros américaines, mais on nous emmène en excursion façon carte postale à Karachi le temps d’un épisode ou deux. Alors, non, ce n’est pas très original et il ne faut pas s’attendre à une immersion réaliste, la série ayant été tournée principalement dans des studios en Georgie, aux États-Unis. On peut malgré tout saluer l’effort et noter l’ouverture de Marvel à d’autres cultures, après la Chine, même si c’est évidemment cynique, hypocrite et calculé. La vision d’une police douce et tranquille face à une population musulmane est aussi choupinette que grossièrement fictive et il n’est absolument pas question d’évoquer les questions qui fâchent sur la religion et son traitement des minorités notamment sexuelles. Ce qui tombe bien pour Disney, toujours aussi maladivement effrayé par le sujet et qui soigne les relations toutes clairement hétérosexuelles de ses personnages, faisant de son héroïne le centre d’attention de pas moins de trois garçons.
Tout n’est pas à jeter dans Miss Marvel et je peux noter la performance convaincante d’Iman Vellani dans le rôle principale. Cette canadienne elle-même d’origine pakistanaise a été très bien trouvée pour ce rôle et on comprend que Disney souhaite la garder dans The Marvels, un long-métrage cette fois prévu l’an prochain et qui verra le retour de Captain Marvel (en plus de la miss, eh oui). Mais quel dommage d’avoir construit une série aussi banale et pleine de clichés autour de ce personnage : Disney+ a déjà fait bien mieux…
Avec, en passant, un choix que j’ai trouvé étonnant : la série met constamment en avant TikTok, en nommant et même en montrant le réseau social qui joue d’ailleurs un rôle crucial à la fin. D’un côté, c’est réaliste étant donné l’âge des personnages. De l’autre, mettre en avant ce réseau social si controversé aux États-Unis est une décision étrange, à mon sens, de la part de Disney… ↩︎