Minx, Starz
Minx plonge le spectateur dans des années 1970 fictives, mais parfaitement reconstituées, pour imaginer la naissance d’un magazine féministe chez un éditeur de magazines… pornographiques. C’est l’idée de base de cette série au format court avec ses épisodes d’une demi-heure, mais n’allez pas croire qu’il s’agit d’une énième sitcom de bureau. La série créée par Ellen Rapoport à l’origine pour HBO Max — elle est passée chez Starz pour sa deuxième saison — est nettement plus ambitieuse que cela, à tel point que je me demande si elle n’aurait pas mérité un format plus long. La reconstitution est parfaite et surtout, les personnages ont droit à une épaisseur psychologique digne des meilleures créations. Ils évoluent vite au-delà des quelques traits de caractères imaginés pour le pilote. Au centre de l’intrigue, Joyce Prigger délicieusement interprétée par Ophelia Lovibond. Elle tente désespérément de convaincre des hommes d’un autre temps de produire son magazine féministe quand la série commence et face à leurs refus souvent effarés, elle accepte à contrecœur la proposition de Doug Renetti (Jake Johnson, excellent), propriétaire d’une publication de magazines pornos. Cet assemblage inattendu forme le socle de la première saison, entre poster de mecs nus et textes féministes.
L’humour provient principalement de la confrontation des deux univers, surtout au début. Minx évolue toutefois aussi au fil des épisodes et élargit progressivement son horizon, creusant les personnages et les intrigues en même temps. C’est particulièrement sensible dans la deuxième saison, qui explore d’autres thématiques et notamment l’homosexualité. Si le personnage de Richie était un petit peu caricatural au départ, il trouve toute sa place notamment à la toute fin de la saison et j’espère que la suite de Minx lui laissera encore davantage de place. La sœur de Joyce Prigger interroge elle aussi sa sexualité et le traitement accordé à ce sujet par les scénaristes est parfait, en se confrontant notamment à l’homophobie crasse de l’époque, souvent à peine voilée derrière des excuses bidons. Je ne m’attendais pas à voir ce sujet traité de manière aussi frontale et intéressante et c’était une excellente surprise. Même si la représentation masculine reste un petit peu étrange — fallait-il des prothèses aussi grosses et plastiques pour les acteurs qui font du nu ? —, je dois reconnaître que Minx m’a épaté sur ce sujet. J’ai bien hâte de voir ce qu’Ellen Rapoport va imaginer pour ses personnages dans la saison suivante.