Kaos, Netflix
Kaos m’a d’abord intrigué par le nom de Charlie Covell, qui avait créé l’excellente série The End of the F***inck World. Elle réinvente pour Netflix la mythologie grecque, en imaginant un univers parallèle où Zeus est vraiment à la tête de l’Olympe et que nos sociétés modernes sont restés fidèles au dieu des dieux ainsi qu’à tous ses frères, sœurs et rejetons, de Hadès qui règne sur les enfers à Poséïdon qui contrôle la mer. Au milieu de tous ces dieux, des humains manipulés pour mener à bien une prophétie qui pourrait détruire Zeus, voici la base de Kaos, dont la première saison m’a plutôt convaincue. Ce n’est pas aussi bon que je l’imaginais en commençant, l’humour patine un peu par endroits et les huit épisodes sont inégaux. Cela étant posé, j’ai apprécié la vision premier degré de la Mythologie et cette relecture modernisée, quoi que bloquée il y a une bonne vingtaine d’années en arrière.
Humour britannique oblige, Kaos entretient une belle part d’absurde mêlé de bizarre et m’a rappelé à cet égard dans l’esprit Legion. Il y a quelques bonnes idées au passage, des langues coupées qui terminent dans les tiroirs de Héra à la vision bureaucrate de l’enfer, en passant par les trois Moires qui organisent des concours dans un bar pour tous ceux qui veulent récupérer un mort en enfer. La représentation des divinités m’a aussi fait penser à American Gods dans un autre registre, on retrouve ce grain de folie qui fonctionne remarquablement pour mettre en image ces divinités sorties tout droit de nos souvenirs collectifs de l’Antiquité. Et puis comment ne pas apprécier la représentativité sexuelle, avec de l’homosexualité et de la transsexualité au cœur de l’intrigue, cela ne fait jamais de mal. Ajoutons à cela un casting impeccable, Jeff Goldblum en tête pour incarner Zeus, et on obtient un bon cocktail. Je suis resté un petit peu sur ma faim néanmoins, peut-être parce que cette saison ressemble en partie à une longue introduction. Je ne sais pas si Netflix permettra à Charlie Covell d’offrir une deuxième saison à sa série, mais je l’espère et je crois qu’elle pourrait s’améliorer. D’ici là, ces huit épisodes sont tout à fait sympathiques et se regardent avec plaisir, même s’il leur manque une étincelle peut-être.