Jeune et Golri, OCS
Si le titre peut faire un petit peu peur, il ne faut pas s’y arrêter. Jeune et Golri est une excellente série, dans la grande catégorie de celles qui sont créées, écrites et interprétées par une seule personne. En l’occurrence, Agnès Hurstel, une jeune comédienne dont je n’avais jamais entendu parler et qui impose son univers si généreux et complètement déjanté dès le premier épisode. Les deux premières saisons de cette création pour OCS m’ont impressionné, la première peut-être encore plus même si la deuxième n’est pas du tout ratée et ose partir dans d’autres directions. Les aventures de Prune, comédienne de stand-up dans la fiction comme l’actrice qui lui donne vie, partent dans tous les sens tout en parvenant à créer des personnages complets et même crédibles, ce qui n’est évidemment pas simple. Une belle prouesse, que je recommande assurément.
Jeune & Golri parvient à rester sur une ligne assez difficile à maintenir et finalement bien résumée par son titre. Le personnage principal est une personne mature et qui a un regard acéré sur elle-même et sur ceux qui l’entourent, ce qui lui permet d’offrir des sketchs incisifs sur scène. Et en même temps, elle reste une gamine qui aime faire des blagues potaches et qui semble incapable de basculer dans l’âge adulte. L’idée de génie de la première saison est de la confronter à Alma, une petite fille déjà bien âgée dans sa tête, qui adore Napoléon et l’escrime. Le contraste avec la belle-mère est saisissant et c’est tout l’enjeu des huit premiers épisodes, qui sont tous brillants. Que faire après cela ? Agnès Hurstel a opté pour la voie la plus difficile avec une deuxième saison qui se déroule plusieurs années plus tard, alors qu’Alma est désormais adolescente et que Prune n’est plus avec Francis, le père. Tout bouleverser pour éviter les redites, c’est courageux et cela permet à la série d’explorer d’autres horizons plus sombres, tout en restant une comédie assez légère en même temps.
Même si je préfère la simplicité de la première saison, j’ai apprécié tous les épisodes de Jeune et Golri diffusés jusque-là. Ce mélange entre une sitcom à l’américaine comme Seinfeld et une narration plus traditionnelle de série française fonctionne remarquablement et étonnamment bien. J’espère que la créatrice aura l’opportunité de poursuivre cette aventure et je serai indéniablement au rendez-vous si c’est le cas. Un coup de cœur !