Inventing Anna, Netflix
L’histoire d’Anna Sorokin, jeune russe qui décide de se faire passer pour une riche héritière allemande et qui parvient à arnaquer le gratin new-yorkais, est fascinante et on comprend sans peine que Netflix ait décidé d’acheter les droits pour la raconter. Le résultat est Inventing Anna, une mini-série qui s’étale malgré tout sur neuf épisodes d’une bonne heure chacun et qui adopte le point de vue de la journaliste qui a révélé l’affaire et fait d’Anna Delvey, son pseudonyme d’arnaqueuse, une star. Un joli programme, pour une série passionnante, même si elle aurait peut-être mérité quelques coupes et même si la fin avec le procès est moins réussie que les premiers épisodes.
Malgré ces quelques défauts, Shonda Rhimes parvient bien à rendre ce parcours incroyable, où une jeune émigrée de 25 ans parvient à quasiment duper les plus grandes banques américaines et à duper pour de bon parmi les plus riches New Yorkais. Elle se fait passer pour une riche héritière, mais dont les fonds sont bloqués en Allemagne pour une raison ou une autre et son aplomb suffit à compenser. Anna avait manifestement le chic pour se fondre dans le paysage et donner l’impression d’être à la bonne place, parmi des millionnaires, dans un riche hôtel de New York ou sur un yacht à l’autre bout de la planète. Toutes ses combines pour ne jamais payer sont épatantes, y compris la technique du pourboire où elle inonde le personnel de billets de 100 $ pour masquer le fait qu’elle ne peut pas régler les factures de plusieurs dizaines de milliers de dollars. Sa plus grande réussite toutefois, c’est d’avoir quasiment obtenu un prêt de 25 millions de dollars pour créer sa fondation. Comment les banques ont pu se laisser berner par cette jeune femme qui bricolait des documents officiels sur Word et se faisait passer pour un banquier allemand avec une app qui trafiquait sa voix ?
Inventing Anna suit une chronologie assez simple, avec tout le travail de recherche de la journaliste pour écrire son article et une série de flashbacks. L’action se déroule sur une temporalité courte, les scénaristes se sont concentrés sur la période la plus dingue pour Anna, juste avant son arrestation. Et même si chaque épisode commence par prévenir que c’est une fiction basée sur une histoire vraie, la série de Netflix reste proche de la réalité, aussi fou que cela puisse paraître. Malgré tout, il manque un petit quelque chose à la création de Shonda Rhimes pour dépasser le statut de docufiction sympathique, peut-être un meilleur angle sur l’ensemble. La série semble hésiter entre plusieurs points de vue et avis sur le personnage principal, elle perd en force et surtout en concision.