House of the Dragon, HBO
Game of Thrones fait partie de ces œuvres cultes qui ont bouleversé une industrie. Pour la première fois, une création destinée au petit écran se permettait d’être aussi épique et grandiose qu’un long-métrage destiné aux grands écrans. Même si la création de HBO s’est mal terminée, avec une huitième saison franchement ratée, il n’en reste pas moins l’une des plus grandes séries de ces dernières années et un incontournable pour tout fan de heroïc-fantasy. La chaîne américaine ne pouvait pas lâcher un tel filon et l’idée d’enrichir l’univers avec une deuxième série a vite émergé. House of the Dragon est le résultat, une préquelle qui se déroule deux siècles avant les évènements originaux, centrée sur le règne des Targaryen et plus précisément sur leur fin. Un choix intéressant, d’autant qu’il est basé sur un roman de George R.R. Martin, Feu et sang, et que l’auteur est impliqué dans le projet. Des assurances qui n’empêchaient pas de craindre la suite au rabais et après avoir vu le désastre avec Les Anneaux de pouvoir, je m’attendais au pire.
Dix épisodes plus tard, je peux souffler : House of the Dragon ne fait pas honte à Game of Thrones, cette nouvelle série est à la hauteur de sa réputation ! HBO a mis les moyens, avec un budget encore plus élevé que les saisons finales de la précédente, un budget que l’on retrouve bien dans les magnifiques décors et les tournages aux quatre coins de l’Europe. Je pourrais pinailler sur certains fonds numériques, mais ils sont assez rares et l’ensemble a fière allure. Les dragons sont nombreux et toujours aussi impressionnants et le seul véritable défaut sur le plan visuel est cette fâcheuse tendance à filmer dans l’obscurité. C’était de pire en pire dans la série originale, mais au lieu de corriger le tir, les réalisateurs de ces épisodes persistent et signent. Certes, cela peut contribuer à rendre des séquences plus impressionnantes — et limiter le budget déco —, mais même avec une dalle OLED et une pièce dans le noir, il est parfois difficile de voir correctement ce que l’on nous raconte. C’est tout de même la base.
Fort heureusement, l’essentiel est au rendez-vous, à savoir un récit et des personnages qui tiennent la route. Les deux siècles qui séparent les deux histoires obligent à perdre bon nombre de repères, même si les principaux lieux et noms sont déjà là. Les familles sont connues, les personnes au sein de chaque famille sont nouvelles et House of the Dragon a une difficulté supplémentaire à gérer. Sa première saison s’étale sur plus de quinze ans, ce qui a obligé de diviser le casting, avec une ellipse temporelle de dix ans en son milieu. La réussite n’est pas aussi bonne pour tous les personnages, avec des acteurs qui ont changé sans réellement vieillir pour autant, d’autres qui ont été nettement vieilli par maquillage et quelques-uns encore qui ne semblent pas changer. Oublions ces quelques erreurs, le casting est impeccable d’un bout à l’autre. Mention spéciale à Paddy Considine qui donne de sa personne jusqu’au bout pour incarner le roi Viserys, mais il n’y a aucune fausse note, avec la bonne dose de folie pour quelques personnages clés (je pense en particulier à Ewan Mitchell, qui incarne Aemond Targaryen). Contrairement à Game of Thrones qui avait tendance à démultiplier les personnages et intrigues parallèles, House of the Dragon se focalise sur un arc narratif plus resserré autour de la succession de Viserys, ce qui n’empêche pas la série d’offrir un univers riche et manifestement bien plus vaste que ce que l’on peut suivre. C’était un point fort de la création originale de HBO et il a été maintenu ici.
Cette première saison pose les bases et l’essentiel est encore à venir. Le dernier épisode se termine à un moment charnière qui laisse attendre un déferlement de dragons et de morts. Non pas que ces dix premiers épisodes en étaient dépourvus, HBO a une réputation à tenir et la mort tout comme la nudité étaient au rendez-vous. House of the Dragon ne pourra peut-être pas atteindre le niveau de culte de l’œuvre originale, ne serait-ce qu’en raison de sa position antérieure qui lui retire quelques enjeux dramatiques, mais ça n’en fait pas moins une série ratée pour autant. Bien au contraire, cette saison est ambitieuse et promet beaucoup. Vivement la suite !