Heartstopper, Netflix
Heartstopper n’est pas la première œuvre de fiction à suivre le parcours de deux jeunes garçons qui tombent amoureux, mais vous savez quoi ? La série créée par Netflix n’en est pas moins essentielle pour sa représentation et surtout sa normalisation d’une relation homosexuelle chez des jeunes collégiens ou lycéens. J’aurais adoré pouvoir la regarder quand j’avais 15 ou 16 ans et quand j’étais encore si loin de m’imaginer gay. Et je sais que la création d’Alice Oseman, adaptée de son propre roman graphique, aura un impact sur d’innombrables jeunes qui s’interrogent sur leur sexualité.
L’intrigue n’a pas besoin d’être originale, en revanche elle devait tomber juste et sur ce point, Hearstopper est une réussite éclatante. Tout est parfait dans cette première saison, sauf éventuellement sa brièveté — huit épisodes d’une demi-heure, c’est peu —, mais même alors, il faut saluer le rythme impeccable jusqu’au bout. Alice Oseman trouve le ton juste pour faire parler et interagir ses jeunes de 15 ou 16 ans et le casting est à la hauteur de son scénario. Même si les acteurs sont tous un petit peu plus âgés, ils restent convaincants pour incarner des collégiens ou lycéens et leur alchimie est remarquable. C’est tout particulièrement vrai pour les deux amoureux : Joe Locke pour Charlie et Kit Connor pour Nick pourraient bien être un couple dans la vraie vie, tant leur relation est crédible. Leur interprétation est toujours pile où elle doit être, sans jamais trop en faire, avec des regards qui en disent plus que les discours et c’est bluffant. Le succès de la série originale de Netflix leur doit beaucoup, mais tout le casting est irréprochable, jusqu’aux rares adultes qui sont à l’écran, avec la présence surprise d’Olivia Colman.
Au-delà du casting, on peut relever l’excellente représentation queer de Hearstopper. Charlie est ouvertement gay, Nick découvre progressivement sa bisexualité, il y a aussi Elle qui est passée de l’école de garçons à celle des filles suite à sa transition et encore Tara et Darcy qui forment un couple lesbien. Tout n’est pas rose, le rugbyman Nick doit assumer sa sexualité au sein d’un groupe grossièrement hétérosexuel et même carrément homophobe et Charlie sort d’une période de harcèlement scolaire. Mais Alice Oseman ne cède jamais à la noirceur, une tendance trop présente à mon goût dans les récits de coming-out1, et elle opte au contraire pour une histoire résolument positive. Même si certains élèves ne sont pas réceptifs, les adultes sont tous compréhensifs et offrent un soutien sans faille à leurs enfants. Et autour de Nick et Charlie, le groupe d’amis constitue aussi un cadre rassurant et essentiel pour que le couple puisse s’en sortir. L’homophobie existe dans le monde et elle peut être violente, mais c’est tellement important de montrer aux jeunes LGBTQ+ qu’ils peuvent vivre une histoire d’amour sans malheur et même tout à fait normale.
L’immense succès de Heartstopper, qui a fort heureusement poussé Netflix à renouvelé la série pour une deuxième saison, le prouve bien. Alice Oseman a vu juste avec cette histoire touchante et toute mignonne qui fait un bien fou en rappelant que l’amour est l’amour. Un vrai coup de cœur !
Je pense à toi, Love, Victor. ↩︎