Hartley, cœurs à vif, Netflix
Hartley, cœurs à vif était à l’origine une série australienne diffusée dans les années 1990 et qui avait connu un grand succès en son temps. Près de trente ans après la diffusion du pilote, Netflix a proposé un remake modernisé, mais sur la même base : un lycée de Sydney, des jeunes et leurs problèmes d’amitiés, de sexe, d’alcool et de drogue. Une sorte d’Euphoria en Australie si l’on veut, même s’il faudrait ajouter une dose de Sex Education sur le côté éducation sexuelle de ces lycéens qui semblent tous un petit peu trop matures comme toujours dans ces séries « teen ». Les critiques dénonceront beaucoup trop vite l’écriture dictée par des algorithmes, ignorant la crédibilité des personnages imaginés par Hannah Carroll Chapman, Ben Gannon et Michael Jenkins. Une lecture superficielle pourrait pointer du doigt la représentativité presque trop parfaite sur le plan racial et sexuel, mais ce serait passer à côté de cette vision moderne et optimiste de la société où tout le monde peut vivre en harmonie. Des sentiments positifs qui n’ont jamais fait de mal à personne de temps en temps et que j’ai beaucoup appréciés.
Certes, la bande de lycéens rassemblée pour Hartley, cœurs à vif ressemble à un catalogue de promotion de la diversité. Et alors ? Quand on regarde le casting de la série originale, sans aucune diversité rien que dans la couleur de la peau, on réalise le chemin parcouru en trois décennies. D’aucuns voudraient revenir à cette époque jugée bénie où l’on pouvait aligner dix hétérosexuels blancs pour former une série qui semblait parfaitement représentative, mais j’espère que la jeunesse actuelle se retrouvera davantage dans cette classe bariolée et sexuellement décomplexée. Ce qui ne veut pas dire que la création de Netflix évite les sujet qui fâchent, au contraire même. La non-binarité de Darren est évoquée, notamment par le prisme de son beau-père qui refuse de faire un effort et qui utilise les pronoms masculins. La sexualité débridée en apparence de ces jeunes est aussi source de nombreuses moqueries, surtout quand elle sort des cadres hétéronormatifs qui restent dominants. Le scénario alterne entre sujets légers et graves, avec le viol qui se fraie une place tout au long de la première saison. Tout n’est pas rose, mais l’optimisme règne malgré tout, jusqu’au bout. C’est un choix assumé de la part de Hartley, cœur à vif et même les flashbacks qui reconstituent progressivement un drame — une idée peut-être piquée à Élite — ne sont pas aussi terrifiants qu’on pourrait le penser. Il se passe des choses horribles pour les personnages, mais la série opte pour un traitement résolument positif et c’est à mon avis son plus gros point fort.
On ne manque pas de séries sur des adolescents, mais Hartley, cœur à vif parvient à sortir du lot grâce à ses personnages attachants et sa vision optimiste, sans être angélique, de notre société. Netflix a eu la bonne idée de la renouveler pour une deuxième saison et j’ai hâte de retrouver tous ces personnages dans leur quotidien. J’espère que les trois créateurs garderont le même cap et creuseront leur psychologie, pour s’éloigner encore davantage des quelques clichés qui restent. Cash, en particulier, est déjà parmi les plus intéressants de cette première saison et mériterait de gagner en richesse pour ne pas rester sur la caricature un peu facile de racaille. Ce que j’ai vu jusque-là me laisse un bon espoir que ce sera bien le cas.