
Hacks, HBO Max
Je me demande comment j’ai pu passer à côté si longtemps, peut-être à cause d’une distribution catastrophique en France1. Quoi qu’il en soit, c’est en consultant la filmographie de l’épatante Megan Stalter découverte dans Too Much que j’ai appris l’existence de Hacks. La présence au casting de Jean Smart suffisait à me convaincre et après quatre saisons et 37 épisodes, je peux dire que c’est l’une des meilleures comédies que j’ai vues ces dernières années. Le duo formé par Deborah Vance, comédienne de légende qui a du mal à se renouveler après une longue carrière pleine de succès, et Ava Daniels, jeune scénariste aussi talentueuse qu’arrogante et égocentrique, fait des étincelles et les scénaristes ont réussi à l’exploiter avec beaucoup de succès et surtout à tenir la distance. C’est la réflexion que je me faisais après toutes ces saisons : chaque année depuis la première vague d’épisodes, Hacks prend une direction suffisamment différente pour ne pas se répéter, sans aller trop loin au point de ruiner son succès. C’est suffisamment rare pour le mentionner, l’équilibre est impeccable et la création de HBO Max parvient à rester très drôle à chaque fois, ce qui n’est pas rien.
Une telle réussite doit énormément à ses créateurs, en l’occurrence Lucia Aniello, Jen Statsky et Paul W. Downs qui interprète aussi avec beaucoup de délice Jimmy, l’agent de Deborah. Hacks n’aurait jamais tenu la distance sans un casting à la hauteur pour donner vie aux personnages et les rendre crédibles. Pari réussi avec Jean Smart, qui n’a plus à prouver l’étendue de son talent (de mon côté, je suis sous le charme depuis la géniale Legion) et qui est parfaitement à son aise dans ce rôle de riche diva qui a tout réussi et qui manque en même temps d’assurance. C’est la première fois que je voyais Hannah Einbinder et la jeune actrice mérite le détour, elle est aussi toujours pile où il faut, peut-être parce que le personnage d’Ava lui ressemble beaucoup. Le contraste formé par ces deux femmes est peut-être classique, la boomeuse contre les nouvelles générations, mais cela fonctionne pleinement et leur complicité est évidente. Même s’il s’agit d’un duo comique, je trouve que la relation qui se forme entre elles au fil des saisons est belle et ajoute une profondeur insoupçonnée.
On n’est pas dans la sitcom facile ici, Hacks manipule de multiples émotions et s’avère nettement plus complexe qu’escompté. C’est sûrement le plus beau compliment que je peux faire à la série, qui m’a vraiment impressionné, bien plus que je le pensais en lançant le premier épisode. HBO Max l’a renouvelée pour une cinquième saison qui sera aussi la dernière, ce qui me rend un petit peu triste, même si je suppose que c’est une bonne idée de lui offrir une belle fin. Je serai en tout cas au rendez-vous et je recommande sans hésiter ces quatre premières saisons, même s’il faut un peu se battre pour les regarder en France.
Les deux premières saisons sont distribuées par Netflix, sans problème comme toujours. Les deux suivantes sont une exclusivité de… Teva, la chaîne télévisée qui appartient au groupe M6. Mieux vaut passer par Canal+ pour les regarder, croyez-moi j’ai testé en direct, mais même alors, il faut se contenter de la stéréo, d’une qualité d’image moyenne… et d’accords fluctuants. Nous étions en train de regarder la troisième saison quand elle a disparu du jour au lendemain : très pratique, vraiment. Cela dit, Hacks vaut la peine de se donner du mal. ↩︎