Good Omens, Prime Video (saison 2)
La première saison couvrait l’étendue du roman, il fallait bien imaginer une nouvelle histoire pour la suite de Good Omens. De fait, Neil Gaiman a imaginé un scénario original pour ces huit nouveaux épisodes, mais un scénario dans la continuité du précédent et qui pourrait même servir de pont à une troisième saison. Si Prime Vidéo le souhaite, cette suite se construirait sur l’idée tissée du vivant de Terry Pratchett, voilà qui est prometteur. En attendant, j’ai été bizarrement moins déçu par cette deuxième saison que la précédente, alors qu’on est objectivement sur le même niveau. L’humour décalé du duo Gaiman/Pratchett fonctionne mieux à l’écrit et on ne rigole pas souvent dans cette adaptation. Le format court évite l’ennui, mais le rythme assez mou peut aussi jouer en défaveur de la série. Et pourtant, j’ai trouvé cette suite de Good Omens assez plaisante, peut-être parce qu’elle s’éloignait davantage du format textuel et osait davantage d’idées différentes ? Peut-être aussi parce qu’elle explore pour de bon la relation amoureuse entre les deux personnages principaux, une relation toujours sous-entendre et jamais explicite auparavant.
La fin du monde n’est plus l’enjeu principal cette fois, c’est l’Archange Gabriel, incarné par Jon Hamm lui-même, qui le devient. Il débarque un beau jour à la librairie d’Aziraphale tout nu, avec un carton pour protéger (hélas) ses parties intimes, et sans aucun souvenir de qui il est. L’ange libraire et son ami démon décident de l’héberger, alors que le Paradis comme l’Enfer se mettent à le rechercher. Good Omens construit toute la saison autour du personnage et des tensions croissantes entre les deux univers, qui culminent dans un affrontement directement dans la librairie. Neil Gaiman ajoute aussi quelques flashbacks tout au long des épisodes, soit pour évoquer le passé d’un personnage tiers, soit pour creuser la relation entre Aziraphale et Rampa. Michael Sheen et David Tenant étaient impeccables dans ces deux rôles qu’ils semblent retrouver avec plaisir. Cette deuxième saison creuse les psychologies et en particulier leur relation, avec un couple tout mignon qui se forme devant nos yeux et culmine sur la fin. Entre les deux ange et démon et les deux vendeuses de la rue, on sent que le romancier a souhaité faire davantage de place à d’autres sexualités et je ne vais pas m’en plaindre. Même s’il y a quelques bizarreries, comme ces voitures toutes électriques qui tournent en boucle autour de la librairie en émettant le son d’un moteur thermique — mais pourquoi ? —, je ne peux que saluer l’effort de modernité de cette suite.
Qu’importe dès lors si l’humour n’est pas toujours présent ou s’il tombe parfois un petit peu à côté. Au fond, c’est ça peut-être qui fait la différence avec ma perception de la première saison. Good Omens joue sur les sarcasmes et l’absurde, mais ce n’est pas censé être une comédie hilarante. Neil Gaiman impose son propre style et même son propre genre, ce qui offre à cette série toute son originalité. S’il y a une troisième saison, je serai au rendez-vous pour voir ce que cela donne.