Des gens bien ordinaires, Canal+

Des gens bien ordinaires, Canal+

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Je crois que j’ai particulièrement apprécié Des gens bien ordinaires parce que je n’avais rien lu à son sujet en amont. Alors, si vous n’avez pas vu cette création originale Canal+, je vous recommande d’arrêter votre lecture, de la regarder en entier ce qui ira vite étant donné son format atypique — huit épisodes de maximum 15 minutes — et de revenir ensuite. L’effet de surprise n’est pas déterminant, mais il participe à mon sens du succès de la série créée par Ovidie.

Une série, donc, qui se construit sur une idée de départ aussi simple que forte. Des gens bien ordinaires suit le parcours de Romain, jeune étudiant qui se lance dans le porno, sans prévenir les spectateurs que les rôles ont été inversés. Dans cet univers parallèle, ce ne sont pas des actrices qui font bander des mecs, mais des minets qui font plaisir à des femmes. L’industrie est dominée par des productrices, des réalisatrices et des techniciennes, qui sont toutes là pour filmer des garçons les plus jeunes possible et objectivés face aux caméras. Ce qui est très fort, c’est qu’Ovidie joue le jeu à fond et tourne son histoire en inversion complète et sans la remettre en cause, ni prévenir le spectateur bien entendu. Il y a ainsi comme un décalage entre nos attentes et ce qui est montré, un décalage crescendo, si bien que l’on peut douter pendant un moment. Mais pas jusqu’au bout, tant le malaise provoqué par ce décalage s’instaure. Tous les clichés sont inversés : les femmes plus fortes et autoritaires, les minets qui se font écraser par l’industrie. C’est évident sur le papier, mais c’est parfaitement réalisé et impeccablement joué, sans tomber dans la caricature facile. C’est trop rare de voir des fictions françaises avec un casting aussi réaliste pour ne pas le souligner.

Des gens bien ordinaires doit composer avec un budget limité et parvient à le faire assez élégamment. Le retour au tournant des années 2000 est bien géré, avec un ratio 4:3 à l’ancienne et des décors à peu près nettoyés. La photographie est particulièrement soignée et on sent que le savoir-faire est là, ce qui me laisse penser que c’est dommage d’en être resté à un format aussi court. D’un autre côté, peut-être que la série aurait pâti de la dilution sur des épisodes rallongés.

Informations

Année : 2022

  • Nationalité :
  • France
  • Genres :
  • Comédie
  • Drame

Durée : 8 épisodes de 14 minutes