Foundation, Apple TV+ (saison 2)
Adapter fidèlement Fondation n’était pas une bonne idée et c’est ainsi que la première saison de Foundation inventait sa propre histoire au milieu de l’univers imaginé par Isaac Asimov. Je n’ai aucun problème avec cette approche, les romans originaux étant de toute manière trop abstraits ou décharnés pour former une bonne série. En revanche, la richesse incroyable de l’univers déployé par la création d’Apple TV+ était quelque peu gâchée par la myriade d’histoires secondaires qui parasitaient l’arc narratif principal et qui étaient en outre mal racontées. Bonne nouvelle, cette suite évite ce travers et se concentre davantage sur la lutte entre l’Empire et Fondation… mais tombe sur un autre défaut de tant de séries qui doivent improviser à partir d’un matériau de base trop mince : la deuxième saison démarre mollement, traine la patte pendant la majorité de son parcours et se termine avec un bouquet final indigeste et lassant.
C’est dommage, car entre les deux, il y a d’excellents moments. Foundation bénéficie toujours de moyens importants et laisse toujours l’impression d’un univers aux dimensions extraordinaires. Les scénaristes ont davantage travaillé sur la partie space opera, avec une partie importante de la narration qui se déroule dans l’espace et même quelques combats qui évoquent fortement Star Wars. Peut-être un peu trop fort d’ailleurs : certes, George Lucas a allègrement pioché chez Asimov, mais la série d’Apple TV+ peut avoir tendance à trop s’inspirer d’autres sagas célèbres. Il y a du Star Trek par endroits, de l’Indiana Jones à d’autres avec notamment toutes les séquences sur la planète des mentalistes. Ce n’est pas forcément un problème, mais c’est dommage de passer à côté de ce qui fait la particularité de cet univers. D’ailleurs, de manière plus générale, Foundation semble avoir choisi une voie de facilité en multipliant les combats dans l’espace ou non, et en délaissant les éléments les plus intéressants, à mon avis. Seldon et ses prédictions sont à la fois omniprésents et assez mal exploités finalement, avec des ficelles narratives un peu grosses1 quand cela arrange les scénaristes. C’est encore pire pour Demerzel, qui est indéniablement l’un des personnages les plus intéressants de toute la série et qui est ignorée trop longtemps, même si le final laisse entendre qu’elle pourrait enfin avoir son moment dans la suite.
Au bout du compte, Foundation reste toujours bluffante par sa richesse et son ambition, mais la série d’Apple TV+ souffre des mêmes travers dans cette suite. J’ai été à la fois tenu par l’envie de poursuivre pour découvrir les meilleurs moments qui finissent bien par arriver — je dirais principalement autour des épisodes 7 et 8 — et j’ai apprécié l’effort d’inclusivité sexuelle dans cette suite. Mais j’ai été encore une fois frustré par l’irrégularité du scénario, qui démarre trop doucement et se termine trop frénétiquement. Malgré ces défauts, je compte bien donner une chance à la saison suivante, en espérant que la série exploite enfin tout son potentiel.
Alerte divulgation, mais toute la séquence d’explication autour de sa survie après la noyade est un peu grosse et qui plus, particulièrement confuse. J’ai sans doute cligné des yeux au mauvais moment, mais je n’ai toujours pas tout compris. ↩︎