The Fosters, ABC Family
Le maître mot est le drame. The Fosters semble ne vivre que pour les drames et les scénaristes n’ont pas manqué d’inspiration pour imaginer les pires drames tout au long de ses cinq saisons et 104 épisodes. ABC Family imagine une famille d’accueil centrée autour de deux femmes, Stef et Lena, qui rassemblent cinq enfants, dont quatre adoptés. La série débute lorsque Callie et Jude rejoignent la famille déjà composée de Brandon, Mariana et Jesus. Elle suit ensuite leur quotidien d’adolescents et d’adultes, en agissant comme un immense aimant à problèmes. C’est hélas l’un des signes d’une série avec un pied encore dans le passé : il ne faut surtout pas baisser le rythme pour que le spectateur revienne entre les multiples coupures pub de ces épisodes calibrés par la télévision d’antan. Les drames se multiplient, contaminent même le tournage1 et relancent constamment la série, qui n’avait pourtant pas besoin de plus que ses personnages attachants pour survivre.
Autant dire qu’il faut accepter de multiples incohérences ou des coïncidences bien trop grosses pour être vraies. Il faut aussi tolérer une maison recrée en studio qui se voit parfaitement — les plantes en plastique dans le jardin, ça passait encore avant l’ère de la HD, plus maintenant — et des mécaniques scénaristiques plus proches du soap que de la grande série. Sans compter les acteurs ridiculement trop vieux pour incarner leurs personnages, avec une mention spéciale pour David Lambert qui avait une bonne vingtaine d’années pour interpréter Brandon entre 15 et 18 ans. Cela fait beaucoup de défauts, je sais, mais cela ne veut pas dire que je déconseille The Fosters pour autant. La preuve, j’ai avalé les cinq saisons d’une traite et je suis triste d’abandonner ces personnages que j’ai appris à connaître et même vu grandir, surtout pour le petit Jude qui devient grand. Sur la durée, cette famille est attachante et même si on peut régulièrement s’agacer face à l’énième mauvaise décision de Callie ou la maladie forcément incurable de tel personnage secondaire, il faut reconnaître que la création d’ABC Family a suffisamment de points forts pour compenser.
La diversité et en particulier l’ouverture de la série aux thématiques LBGTQIA+ en est évidemment un. Le fait d’avoir deux femmes lesbiennes à la tête de la famille, que l’une des deux soit afro-américaine, donne le ton. Jude découvre aussi son homosexualité progressivement et The Fosters a même été la première série américaine à montrer un bisous gay entre deux collégiens, tout un symbole. On peut également mentionner la présence de deux personnages trans et globalement une bonne gestion de ces sujets, même si tout n’est pas parfait. Teri Polo et Sherri Saum sont toutes deux excellentes dans les rôles des mères, dommage qu’elles ne soient pas lesbiennes dans la vraie vie. On peut plus difficilement critiquer le choix de Hayden Byerly, parfait dans le rôle de Jude, le jeune acteur n’avait sûrement pas encore conscience de sa sexualité lors des castings. De manière plus fondamentale, je trouve que la série reste ancrée dans une vision très traditionnelle des relations amoureuses, pour ne pas dire hétérosexuelle. On ne pouvait peut-être pas attendre mieux d’une création du groupe Disney dans les années 2010 et c’est déjà très bien d’aborder tous ces sujets. J’aurais apprécié sortir un petit peu de la stricte monogamie et des innombrables drames autour des relations amoureuses, surtout concernant des adolescents. La montée des tensions politiques dans les dernières saisons, qui coïncident avec l’ère Trump, est bien mieux gérée, même si tout reste strictement implicite.
Jake T. Austin interprète Jesus pendant deux saisons avant d’abandonner le rôle. Il est remplacé par Noah Centineo dès la saison suivante, alors qu’il ne lui ressemble pas tellement sur le plan physique, ce qui provoque une incohérence assez amusante même si les scénaristes et acteurs ont tout fait pour continuer comme si de rien n’était. ↩︎