Extraordinary, Disney+
Encore une série avec des super-héros… certes. Mais Extraordinary est britannique, ce qui lui donne un avantage potentiel indéniable en termes d’humour et surtout, la création d’Emma Moran pour Disney+ opte pour une idée intéressante. Dans son univers, les pouvoirs fantastiques ne sont pas réservés à une poignée d’individus exceptionnels, tout le monde en a un. Dès la majorité, tout le monde se découvre un pouvoir, qu’il soit classique et utile comme de voler, de développer une force surhumaine ou encore de se déplacer très rapidement, ou loufoque et même gênant. L’inventivité des scénaristes d’Extraordinary permet d’imaginer des super-héros vraiment idiots, à l’image de celui qui a un anus qui imprime des objets en 3D ou alors de cet autre qui peut transformer n’importe quoi en PDF. Cette inventivité est rafraîchissante et la série n’hésite pas à se moquer de ces anti-héros ridicules. Les hommes, en particulier, sont les plus visés par les critiques. Motivés par des besoins d’héroïsme un peu stupides, ils cherchent à reproduire les scénarios des comics et font n’importe quoi en conséquence.
Pour pimenter le tout, l’héroïne d’Extraordinary se distingue par… son absence de pouvoir. Une petite partie de la population n’hérite pas de pouvoir à sa majorité, c’est censé venir ensuite, mais Jen a 25 ans et toujours rien à l’horizon. Les huit épisodes d’une petite demi-heure qui composent la première saison sont essentiellement centrés sur sa quête de ses pouvoirs, ce qui équivaut dans cet univers à une quête pour sa raison d’être. Emma Moran a la bonne idée de ne pas donner rapidement de réponse, car son personnage est bien plus intéressant en étant ainsi à la marge. Jen est par ailleurs constamment insupportable avec tout le monde et ce personnage odieux est un vrai point fort de la série. Disney+ a commandé une deuxième saison avant même la diffusion de celle-ci et c’est une bonne nouvelle, car on sent que l’intrigue et les personnages pourront être développés encore. Seule petite réserve sur le personnage de Kash, le petit-ami de la coloc de Jen, dont le rôle d’anti-héros m’a semblé trop caricatural et attendu alors qu’il aurait pu bénéficier d’un traitement plus subtil.
J’espère en tout cas retrouver la truculente Siobhán McSweeney, qui joue ici le rôle de la mère de Jen et qui impressionne dans un registre assez proche sans être répétitif de celui de Derry Girls. Dans le rôle principal, Máiréad Tyers est elle aussi excellente et j’ai hâte de la découvrir dans d’autres interprétations.