Euphoria, HBO (saison 2)
Frappée de plein fouet par la pandémie, Euphoria a pris du retard et la deuxième saison n’est sortie que début 2022, plus de deux ans et demi après la première. Pour une série qui parle de lycéens, c’est un problème, même si le ton noir et adulte imposé par Sam Levinson dans les premiers épisodes laissait plus de latitude. De fait, la suite reprend avec des acteurs qui ne ressemblent plus du tout à des lycéens, ce qui est finalement assez courant, mais qui ressemble bien à la suite d’Euphoria, ce qui est encore le plus important. Le premier épisode ouvre d’ailleurs sur une fête pleine d’alcool, de drogue et de sexe, comme pour mieux marquer le coup. Cela étant, ne vous attendez pas à une simple redite des huit premiers épisodes, la création de HBO parvient à surprendre en allant dans de nouvelles directions.
Peut-être est-ce l’effet de la pandémie justement, mais Euphoria est plus sombre et déprimée que jamais. L’arc narratif se concentre encore davantage sur les addictions de Rue, ses mensonges face à sa famille, ses amis et sa copine et les risques qu’elle prend avec la drogue et la mafia autour de la drogue. Sam Levinson introduit bien quelques personnages secondaires, mais il resserre ses intrigues sur une poignée de personnages clé autour de Rue. Dans le même temps, il pousse l’esthétique du clip à des niveaux jamais vus dans la première saison, avec une tendance à l’esthétisation qui atteint des sommets… quitte à en faire trop. Euphoria bénéficie d’une photographie contrastée qui peut être magnifique, mais qui prend aussi le dessus sur le scénario. J’apprécie le sentiment de se perdre dans un montage complexe et hors du temps, mais il faut une bonne histoire pour tenir l’ensemble et je trouve que ce n’est pas toujours le cas ici. Ou en tout cas, que la réalisation aurait pu se faire plus discrète pour mieux mettre en avant les personnages et leurs psychologies.
Cela étant, Sam Levinson se rattrape sur la fin, avec un double épisode qui entremêle reconstitution théâtrale et réalité avec un talent fou. Le créateur d’Euphoria déploie tout son savoir-faire en alternant des scènes avec une fluidité qui frôle la haute-voltige. C’est bluffant et même si l’ultime scène pourrait offrir à la série de HBO une conclusion digne, je suis content que la chaîne ait accepté de la prolonger sur une troisième saison. Ces personnages n’ont pas dit leur dernier mot…