Élite, Netflix (saisons 5 et 6)

Élite, Netflix (saisons 5 et 6)

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Élite a toujours assumé son côté ridicule, ce qui a aussi fait le succès de ses premières saisons. Mais la création espagnole de Netflix a vite tourné en rond et la quatrième en particulier semblait assez redondante. Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre sa carrière, puisque le service de streaming en a ajouté deux de plus en 2022 et commandé une septième saison. Plus on avance, moins le concept de lycéens tient debout et plus encore que la cinquième saison qui reste dans cet état d’esprit, je crois que le message est enfin passé avec la sixième. Il y a bien un plan ou deux dans les couloirs du lycée histoire de dire, mais l’excuse n’a jamais été aussi apparente et Darío Madrona et Carlos Montero n’essaient même plus de faire semblant. Tant mieux, Élite n’avait jamais été réaliste de toute manière, même si je ne peux pas m’empêcher de noter que c’est tout de même dommage de perdre toute ambition réaliste alors même que le sponsor de Microsoft s’est arrêté. On retrouve enfin des iPhone et des Mac dans les mains de ces riches madrilènes, ce qui est un progrès indéniable en matière de crédibilité.

Si Élite s’affranchit en partie de l’idée stupide que des acteurs de plus de 25 ans jouent des lycéens, la série reste bien ancrée dans sa vision fantasmée et ridicule d’une jeunesse dorée, complètement inconsciente du réchauffement climatique. Les uns n’hésitent pas à se rendre en hélicoptère à Ibiza le temps d’une soirée, tandis qu’un père offre à ses trois enfants une Mercedes personnalisée alors même qu’ils n’ont pas le permis. D’ailleurs, la sixième saison fait un nouveau ménage dans les personnages et vire tous ceux qui étaient pauvres. On oublie le lycée et on ne garde que les riches qui peuvent se permettre de passer toutes leurs soirées dans un club… propriété d’une camarade de classe. C’est assez navrant de penser que cet univers puisse encore faire rêver, mais j’imagine que c’est le cas et que cela explique ce choix de la part des scénaristes. Ajoutez à cela une diversité raciale médiocre, pour ne pas dire honteuse, avec un personnage black qui est… un immigré clandestin évidemment ! Élite tente maladroitement de rectifier le tir avec une autre élève noire et riche, mais enfin, c’est tout de même assez affligeant.

Fort heureusement, la série espagnole se rattrape sur la diversité sexuelle et sur des sujets sensibles, en particulier le viol de jeunes femmes droguées ou fortement alcoolisées. C’est un thème difficile et qui est bien géré dans l’ensemble, avec une remise en cause des victimes qui est hélas trop souvent la réalité. La saison 6 introduit aussi un personnage trans et explore fort bien les difficultés liées à sa transition, tout en utilisant un autre personnage pour parler de violences domestiques. Est-ce suffisant pour continuer encore à regarder Élite ? Je n’en suis pas certain, d’autant que chaque saison continue de se construire autour d’un mort ou d’un accident annoncé dès le premier épisode, ce qui devient franchement lourd. Et même si les scènes de douche dans les vestiaires masculins qui ont fait la réputation de la série restent plaisantes, elles ne sont pas si nombreuses et peinent à compenser le sentiment de redite. Mais qui sait, maintenant que le concept de lycéens est abandonné, peut-être que l’on pourrait consacrer davantage de temps aux personnages ? J’ai bien aimé le parcours de Patrick et Iván, justement car il sortait de la caricature idiote avec une relation amoureuse crédible. Ce pourrait être une bonne piste pour améliorer les futures saisons d’Élite, mais je ne retiendrai pas mon souffle.

Informations

Année : 2022

  • Nationalité :
  • Espagne
  • Genres :
  • Crime
  • Mystère
  • Drame

Durée : 16 épisodes de 50 minutes