Dark Matter, Apple TV+
Je préfère prévenir d’emblée : il faut être patient pour apprécier Dark Matter. Les deux ou trois premiers épisodes de la saison sont globalement ratés ou en tout cas, pas à la hauteur de ce qui suit. Ils sont à la fois lents, ce qui n’est pas forcément un problème, et surtout débiles. Alors que la toute première scène nous bassine avec le pauvre chat de Schrödinger et semble faire office d’avertissement pour prévenir qu’il va être question de physique quantique, alors que le héros est un professeur de physique spécialisé dans le domaine, la série créée par Apple TV+ joue aux innocents pendant bien trop longtemps. Que tout le monde ne comprenne pas directement que l’on est dans un scénario à base de multivers et donc que le personnage n’est pas celui qu’il prétend être, soit. Que personne ne le comprenne sauf le spectateur, c’est insultant pour notre intelligence et franchement idiot. Bref, on s’ennuie et pour être honnête, j’ai failli arrêter en cours de route.
Fort heureusement, j’étais patient. Passée cette longue et fastidieuse introduction, Dark Matter prend par la suite son envol et s’améliore d’épisode en épisode. Après des débuts aussi timides, je ne m’attendais pas à une intrigue qui aurait tout à fait trouvé sa place chez Rick et Morty, avec une inventivité au contraire assez bluffante et une exploitation complète de tous les concepts autour des univers parallèles et des branchements liés aux choix individuels. Blake Crouch signe l’adaptation de son propre roman et il le fait bien, avec un Joel Edgerton impeccable pour jouer ses variations avec toute la finesse nécessaire pour leur apporter toute la crédibilité nécessaire. Dark Matter récompense ainsi les spectateurs avec un arc narratif qui, s’il est assez classique pour tous ceux qui connaissent bien la science-fiction et cette thématique, est aussi très bien tenu. Je n’en dirai pas plus histoire de ne pas trop divulgâcher, mais c’est vraiment satisfaisant jusqu’au bout, tout s’imbrique logiquement et est bien mené.
Apple a commandé une deuxième saison et je dois dire que je suis autant curieux que circonspect. Il me semblait que la fin de Dark Matter était parfaite ainsi, sans nécessiter de suite. Peut-être que le roman adapté ici se poursuivait avec une histoire tout aussi cohérente et réussie ; peut-être que le romancier a une bonne idée pour offrir une suite aussi convaincante. Tant mieux si c’est le cas et je serai au rendez-vous par curiosité. J’espère simplement qu’Apple TV+ ne va pas gâcher cette belle réussite avec une saison inutile…