The Crowded Room, Apple TV+
Il y a des œuvres qui s’apprécient autant si on a une idée même vague du sujet général et il y en a d’autres qui nécessitent au contraire d’en savoir le moins possible pour mieux en profiter. The Crowded Room appartient indéniablement à cette deuxième catégorie, alors si vous ne l’avez pas vue, je vous conseille d’arrêter ici votre lecture et de revenir plus tard à la suite.
Inspirée d’une histoire vraie, cette mini-série portée par Apple TV+ raconte l’histoire de Daniel Sullivan, dit Danny, après avoir été arrêté pour avoir tiré sur une foule dans New York. Il y a une dizaine de témoins et des vidéos de surveillance, autant dire que l’affaire semble vite vue, mais une psychiatre tombe un petit peu par hasard sur lui et se demande s’il n’y a pas anguille sous roche. Toute la réussite du projet repose sur la révélation très progressive de ce que Rya Goodwin envisage dès le départ. Les flashbacks qui permettent de retracer le parcours de Danny ne remettent jamais en cause sa vision, ce qui ne permet pas au spectateur de comprendre ce qui se passe. Puisque le monde de la psychologie est impliqué, on se doute bien qu’il y a un problème par rapport à la narration au premier degré et si j’avais envisagé une hypothèse autour de son frère jumeau, je ne me doutais pas de l’étendue du propos. Le trouble dissociatif de la personnalité qui est au cœur des enjeux remet en cause tout ce que l’on a vu et Akiva Goldsman parvient à maintenir une bonne dose de suspense jusqu’au bout. Même si l’allégorie de la cabane est un poil lourde par endroits, j’ai beaucoup apprécié cette manière de glisser les informations de façon progressive, pour tenir le spectateur en haleine jusqu’au bout. The Crowded Room n’est pas un thriller bourré d’action, mais la saison monte crescendo et les derniers épisodes sont intenses, avec un pic sur le final qui est d’ailleurs une réussite assez brillante.
Le succès d’un tel projet repose sur le talent de l’acteur principal, qui doit incarner de multiples versions de sa personnalité. Tom Holland s’avère un excellent choix pour incarner Danny. Dans les premiers épisodes, l’acteur a un jeu assez stable, mais au fur et à mesure où l’on découvre ses alters, son jeu gagne aussi en complexité. Il parvient à reste subtil, tout en jouant bien différemment pour incarner les autres personnalités. Mon seul regret serait juste de le voir davantage dans ce mode en alternance entre personnages, plutôt que de constamment faire appel aux autres acteurs. Il fallait bien les employer, certes, mais j’ai l’impression que c’était surtout une manière de ne pas perdre de spectateur, ce qui était un petit peu lourd. Malgré tout, The Crowded Room offre un spectacle passionnant et prenant et c’est une vraie réussite.