Cassandra, Netflix

Cassandra, Netflix

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C’est la première œuvre de fiction que je vois qui se base sur la domotique, un sujet qui m’est cher. Cassandra réinvente une maison connectée en méchant de film d’horreur, un pari original et complètement réussi. Si certains y verront un avertissement contre la domotique, ce n’est évidemment pas mon cas, même s’il ne me viendrait pas non plus à l’idée de créer un robot qui peut aller n’importe où avec des couteaux et ciseaux ! Cette idée est aussi peu réaliste qu’elle est géniale et la série créée par Benjamin Gutsche est une franche réussite et une belle preuve de plus, s’il en fallait encore, de la créativité et de l’excellence des fictions allemandes. Je recommande sans hésiter et j’ajouterai de ne pas aller plus loin si vous n’avez pas encore vu la saison, Cassandra est bien meilleure avec l’effet de surprise à mon avis.

Tous les codes du film d’horreur sont bien respectés, à commencer par l’arrivée de la famille dans la maison isolée au milieu des bois. Le coup de génie de la création de Netflix est toutefois de cacher sa vraie nature dans un premier temps. En apparence, Cassandra raconte l’histoire d’une famille qui essaie de changer de vie après une tragédie et qui a trouvé une superbe maison dans la campagne allemande, pour un prix très raisonnable. Les deux parents et leurs deux enfants s’installent, ils nettoient la piscine intérieure et découvrent qu’il y a un énorme ordinateur des années 1970 dans la cave. Ils essaient de l’allumer rien ne se passe en apparence… sauf qu’ils ont réveillé sans le savoir le monstre de l’histoire ou plutôt Cassandra. Cette sorte d’IA d’avant garde prend la forme d’une femme numérique qui m’a davantage rappelé les années 1980, mais enfin, cette série n’est pas à un anachronisme près. Qu’importe de toute manière, le scénario n’essaie pas d’être réaliste et le récit tombe volontiers du côté de la science-fiction rétro-futuriste. Heureusement, parce que sinon les agissements souvent improbables de la famille n’auraient pas de sens : qui achète une maison avec un robot omniscient et omnipotent sans s’inquiéter une seconde ? Pourquoi est-ce que la mère ne filme pas ses interactions avec le robot, tout simplement ? Cassandra oblige le spectateur à mettre de côté ce jugement critique, pour apprécier un spectacle de grande qualité.

Six épisodes seulement et pourtant, la série fait preuve d’une maîtrise rare pour imposer une tension croissante et même insoutenable le temps de quelques séquences (vous ne regarderez plus votre four de la même manière). La création de Netflix repose sur une exécution impeccable, tant du côté de l’écriture que de l’interprétation, avec un casting parfait. Mention spéciale à Lavinia Wilson, qui parvient à donner vie à ce robot et ce visage numérique et à le rendre proprement terrifiant quasiment qu’avec la voix. J’ai aussi beaucoup apprécié l’inclusion de la série et notamment le rôle de Fynn (Joshua Kantara), ouvertement gay sans que ce soit un sujet… tout en traitant de l’homophobie à travers son petit ami, c’était bien vu et remarquablement traité. De manière plus générale, la série démonte méthodiquement la masculinité toxique ainsi que les préconçus genrés. Absolument toute l’intrigue repose sur une vision très rétrograde de la famille, qui ne disparaît qu’en apparence dans la chronologie contemporaine, ce qui est vraiment brillant.

À l’heure des bilans, difficile de ne pas s’enthousiasmer : Cassandra est un petit bijou qui revisite l’horreur avec une touche moderne bien plus liée à la critique sociale qu’à la science-fiction, d’ailleurs. Je suis curieux de découvrir le reste du travail de Benjamin Gutsche, il y a sûrement d’autres perles à dénicher.

Informations

Année : 2025

  • Nationalité :
  • Allemagne
  • Genre :
  • Science-Fiction & Fantastique

Durée : 6 épisodes