Borgen : Le pouvoir et la gloire, DR1
Fallait-il réellement créer une suite à Borgen, une femme au pouvoir ? L’excellente série créée par Adam Price se concluait après trois saisons d’une belle manière, mais le succès aidant, l’idée de créer une saison supplémentaire s’est imposée. La chaîne danoise DR1 s’est associée à Netflix pour créer Borgen : Le pouvoir et la gloire1, huit épisodes de plus qui se déroulent une dizaine d’années après, le même intervalle de temps qu’entre les deux saisons. Les premiers instants sont rassurants : le créateur n’a pas perdu la main, pas plus que Sidse Babett Knudsen qui retrouve immédiatement la Birgitte Nyborg que l’on a appris à connaître et qui s’impose comme l’évidence dès l’épisode initial. Ajoutez à cela un message environnemental autour de la découverte de pétrole au Groenland et j’avais de quoi imaginer une grande saison avec pourquoi pas une dose d’optimisme, mais la noirceur rode comme toujours avec Adam Price.
Son idée de faire de Borgen : Le pouvoir et la gloire un portrait d’une femme politique qui oublie ses idéaux et n’agit plus que pour la survie de son poste est logique pour une série qui se veut réaliste. Comme tant d’autres dans la réalité, la Birgitte Nyborg se fourvoie et remet en cause toutes ses convictions, acceptant l’exploitation du pétrole uniquement pour sauver son poste de ministre des Affaires étrangères. C’est intéressant de la voir aller à contresens dans tous les domaines, à la fois en politique et en privé, avec sa relation de moins en moins saine avec son fils résolument engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais en s’engageant ainsi dans des intérêts bien éloignés de la planète, la série semble oublier elle-même ces enjeux et donne le sentiment d’être sur la même longueur d’ondes que ce gouvernement qui a une brève pensée pour l’environnement, avant de rappeler qu’il y a des milliers de milliards de couronnes danoises en jeu. Face à de telles sommes, tout débat est instantanément oblitéré et le seul réel enjeu des huit épisodes concerne les problèmes géopolitiques sur le Groenland, entre États-Unis, Russie et Chine et avec le Danemark en arbitre. À l’heure actuelle, j’attendais mieux de la part d’Adam Price qu’une série qui oublie elle aussi la planète. Le créateur pourrait se défendre en disant que c’est une réalité, mais il avait le choix de faire autre chose. À tout le moins, j’aurais apprécié que l’écologie reste au centre de l’attention et la publication de désinformations sur le réchauffement climatique ne soit pas justifiée de manière aussi désinvolte.
On ne peut pas dire que Borgen : Le pouvoir et la gloire soit entièrement dans le camp des climato-sceptiques, mais le simple fait que l’on y pense prouve bien, à mon sens, qu’il y a un problème. La série essaie de se rattraper sur la toute fin, avec un épisode qui semble en condenser trois autres en tentant de refermer toutes les intrigues ouvertes et de terminer sur un happy-end complètement artificiel. Cette fin ratée renforce mon impression générale de gâchis : Borgen aurait mieux fait de s’en tenir à ses trois saisons originales, au lieu d’accorder de la place à ces générations qui, non content d’avoir détruit la planète dans le passé, continuent de le faire sans état d’âme sous des prétextes fallacieux et pour leur gain personnel. Dommage.
Un titre traduit dans la cohérence de la série originale, c’est toujours ça de pris… ↩︎