The Bear, Hulu
The Bear1 offre une plongée brutale dans les cuisines un peu crasseuses d’un petit restaurant de Chicago. Brutale, c’est un mot qui correspond assez bien à la série créée par Christopher Storer. Rien ne va dans ce restaurant cédé par Mickey à son frère Carmy après son suicide : une dette énorme, des sandwiches paresseux et surtout une équipe qui ne veut pas faire évoluer son « système » qui a du mal à accepter leur nouveau chef venu de la grande gastronomie. La première saison compte huit épisodes relativement courts, même si le dernier dépasse les 45 minutes. Elle est néanmoins étonnamment riche, non pas tellement pour son intrigue principale qui reste assez simple au fond, mais pour ses personnages particulièrement bien travaillés. Et comme toujours, c’est la clé pour une série réussie.
Les scénaristes soignent tous leurs personnages, principaux comme secondaires. J’ai particulièrement apprécié les progressions des cuisiniers, qui sont tous présentés comme des bougons incapables d’accepter la moindre critique ou évolution, mais qui savent évoluer en suivant la tendance générale de The Bear. Les premiers épisodes sont les plus rudes, des plongées éprouvantes dans la toxicité trop commune dans les cuisines de restaurants. Au fil des épisodes, Carmy parvient lentement à imposer des changements et à apaiser son restaurant, même si les crises peuvent toujours survenir. C’est le même principe pour les personnages, qui peu à peu s’apaisent tous, non sans quelques crises passagères. Christopher Storer n’essaie pas de s’en sortir rapidement avec une solution facile, d’ailleurs, il prend au contraire le temps de poser chaque parcours. Grâce à ces choix avisés, la série semble plus longue qu’elle ne l’est en réalité et on sent qu’il y aurait encore beaucoup à dire. C’est probablement le cas, puisque Hulu a commandé une deuxième saison.
En attendant de voir ce qui se passera après le final moins négatif que le reste, ces huit premiers épisodes marquent aussi par leur style. La photographie accompagne les changements dans la cuisine du restaurant, avec une lumière au départ aussi crade que l’ambiance générale et qui s’adoucit petit à petit. The Bear frôle par endroit la mise en scène prétentieuse, mais s’en sort à mon avis grâce à la sincérité de ses séquences et personnages. Je dois aussi saluer les choix musicaux qui piochent dans un excellent répertoire alternatif, avec bien entendu du Wilco, mythique groupe de Chicago, mais aussi d’autres grands noms de la musique alternative des années 1990 et 2000, de Sufjan Stevens à Radiohead. C’est pile ce que j’aime et ainsi, sans surprise, l’ambiance musicale était aussi un point positif à mes oreilles.
Techniquement, le titre français est The Bear : sur place ou à emporter, mais alors, juste, non. ↩︎