Barry, HBO
Un tueur à gages qui se découvre une vocation d’acteur lors d’un assassinat à Los Angeles : le point de départ de Barry est original et suffisamment barré1 pour intriguer, mais après le pilote, j’avais un petit peu de mal à envisager qu’il puisse servir de fondation pour une série de trois saisons. Alec Berg et Bill Hader ont toutefois largement prouvé qu’ils avaient de quoi tenir la distance, en créant des personnages toujours loufoques, mais crédibles. Barry est une comédie aussi noire que délicieuse et qui a le meilleur parcours qu’une série peut rêver d’avoir : au fil des épisodes et des saisons, elle s’améliore. La première est très bien, mais quand on arrive à la troisième, on atteint le niveau des grandes séries, avec un humour absurde parfaitement maîtrisé et une mise en scène qui frôle avec les meilleures. HBO a renouvelé sa création originale pour une quatrième saison et même si l’histoire semblait toucher à sa fin, je suis sûr que les scénaristes sauront trouver les bonnes idées pour étendre leur univers.
Barry Berkman, ancien marine revenu d’Afghanistan avec de gros troubles psychologiques comme quasiment tous les soldats américains, s’est reconverti dans le meurtre commandité sous l’égide de Monroe Fuches, un vieil ami de la famille. Quand Barry débute, leur relation est bien établie et le tueur à gages s’est révélé excellent pour cette nouvelle carrière. Il est aussi froid et précis qu’un robot et il part sans hésiter à Los Angeles pour tuer un acteur en devenir, mais cette fois, il n’accomplit pas mécaniquement sa mission. Pour une raison qui reste mystérieuse, il suit sa cible dans un cours de théâtre et en sort transformé et perdu. Mais on n’abandonne pas si facilement ce genre de carrière et Barry se construit ainsi autour des tensions qui entourent sa décision d’arrêter de tuer. Sans compter qu’il se retrouve embarqué à son insu dans une guerre entre mafias tchétchènes et boliviennes, et qu’une détective de police suit ses actions de près.
Alec Berg et Bill Hader commencent presque sur le ton de la farce, comme un gag qui aurait du mal à durer plus d’un épisode ou deux. D’ailleurs, Barry a été conçu à l’origine comme un court-métrage et n’a été transformé en série que dans un deuxième temps. Ce pourrait être une faiblesse, cela devient sa force. Comme il faut durer, les scénaristes n’ont pas d’autres choix que d’être inventifs et j’ai rarement vu une série qui surprend autant. Quand on pense avoir deviné la direction générale, un événement vient tout dérailler brutalement et l’intrigue part dans une direction toute différente. En trois saisons et une vingtaine d’épisodes d’une demi-heure, l’évolution des personnages est frappante et les créateurs offrent à tous ceux qui survivent une épaisseur inattendue. Bill Hader est génial dans le rôle principal bien entendu, mais le casting est un sans faute et je retiendrai tout particulièrement deux noms. Sarah Goldberg est épatante de fragilité et de férocité dans le rôle de Sally et Anthony Carrigan est incroyable dans celui de Noho Hank, un mafieux tchétchène qui est aussi gay et qui a l’un des parcours les plus intéressants alors que tout portait à croire qu’il serait une caricature grossière.
La troisième saison hausse encore le niveau avec une mise en scène posée et soignée qui m’a évoqué Better Call Saul. Pouvait-on imaginer meilleur compliment pour cette série qui commençait presque comme une blague ? Si vous aimez l’humour noir et une bonne dose d’absurde, ajoutez Barry à votre liste de lecture, vous ne le regretterez pas.
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