Bad Sisters, Apple TV+
Adaptée d’une série flamande, Bad Sisters se construit autour d’une famille de cinq sœurs, d’un mari ou beau-frère mort et de deux assureurs qui trouvent le décès un petit peu trop mystérieux. Cette série irlandaise manie l’humour noir avec talent pour nous faire saliver pendant dix épisodes : que s’est-il passé au juste le soir où John-Paul est mort ? Les quatre sœurs ont-elles enfin réussi à tuer leur insupportable beau-frère qui leur a toutes fait du mal ? La tension est maintenue jusqu’à l’ultime épisode et la création d’Apple TV+ est aussi intense qu’elle peut être fun : une vraie réussite.
Bad Sisters se déroule selon deux chronologies parallèles : le présent qui suit la mort de John-Paul et l’enquête menée par les fils Claffin qui cherchent la bonne raison pour ne pas payer ce qu’ils doivent dans le cadre de leur assurance-vie. Pour comprendre ce qui s’est passé, les scénaristes nous projettent aussi quelques mois auparavant, quand les sœurs Garvey commencent à fomenter leur plan pour tuer John-Paul, mais enchaînent les échecs. C’est de là que vient tout le sel de la série, son suspense comme son humour : le spectateur ne sait pas ce qui s’est passé, mais il sait que la victime n’a pas été tuée comme la fratrie l’imagine. Elles élaborent des plans sophistiqués ou simplistes et vous savez qu’ils vont échouer, mais la création d’Apple TV+ reste savoureuse dans la description de tous ces échecs et surtout de leurs conséquences inattendues et souvent malheureuses. Les victimes collatérales se multiplient, tandis que leur cible principale semble de plus en plus invincible. Je n’en dirai pas plus néanmoins, car Bad Sisters est nettement plus intéressante en ne sachant pas comment l’ensemble se termine.
Je peux dire en revanche que la série vaut d’abord pour son casting. Sharon Horgan a porté cette adaptation et elle incarne aussi avec brio la sœur aînée et les quatre autres actrices principales sont toutes excellentes. Dans cette création majoritairement féminine, ce sont surtout les rôles masculins que je retiendrais, et tout particulièrement celui de John Paul, incarné avec toute l’horreur nécessaire par un Claes Bang en grande forme. Il est odieux à un point qui donne envie de le baffer à chaque apparition et c’est assez fabuleux de voir un acteur aussi détestable. Face à lui, Brian Gleeson est exceptionnel également dans le rôle de l’un des assureurs, prêt à tout pour ne pas donner d’argent et sauver son entreprise, quitte à commettre lui aussi impairs de plus en plus grossiers. Ajoutez à cet ensemble une photographie léchée et vous obtenez un savoureux divertissement.