Babylon Berlin, Sky One (saison 4)
Babylon Berlin poursuit son exploration de l’Allemagne de l’entre-deux guerres avec une quatrième saison qui se déroule début 1931, alors que les Nazis occupent toujours plus de place sur la scène politique, avant l’arrivée au pouvoir des fascistes. Après trois excellentes saisons, il y avait un risque de lasser, ou de perdre ce qui a fait le succès de la série allemande, un risque d’autant plus grand que la pandémie est passée par là et a retardé la sortie. Fort heureusement, Tom Tykwer, Achim von Borries et Hendrik Handloegten savent ce qu’ils font et le prouvent à nouveau avec douze épisodes dans la droite lignée des précédents. Sans jamais lasser, Babylon Berlin parvient à maintenir sa formule presque magique sur la durée : la grande histoire de l’Allemagne en arrière-plan, quelques enquêtes policières secondaires au premier plan, des personnages riches et crédibles et une bande-originale parfaite. J’adore et j’ai hâte de voir la saison suivante !
En attendant, les années 1930 à Berlin se partagent entre des Nazis toujours plus confiants et gonflés et une mafia qui fait toujours plus de dégâts. Dès les premiers plans, la qualité de la reconstitution historique saute aux yeux. Le travail réalisé par la création de Sky One est bluffant et ne faiblit pas avec le temps, un excellent point. Les personnages restent majoritairement familiers, avec quelques nouveaux visages pour renouveler un petit peu le casting, un excellent équilibre. Charlotte mène une enquête de son côté autour d’un juge pourri et d’une mystérieuse secte, Gereon semble avoir basculé dans le camp des Nazis même si on découvre vite qu’il est en mission secrète pour mieux déstabiliser le mouvement. Babylon Berlin exploite quelques faits historiques, en l’occurrence l’affrontement entre les SA et Hitler par l’entremise des SS et la série explore remarquablement comment le fascisme peut s’imposer dans une société. C’est l’histoire du bar nazi à l’échelle d’un pays et c’est d’autant plus inquiétant que cette histoire ressemble un petit peu trop à notre quotidien. Si seulement cette série pouvait servir de piqûre de rappel sur ce qui se passe quand on laisse un tel mouvement s’installer et gagner en légitimité.
Depuis le départ, la grande force de Babylon Berlin a aussi été sa bande originale, composée en partie par Tom Tykwer, accompagné de morceaux originaux créés dans l’esprit de l’époque. Si la saison 3 m’avait semblé un petit peu en retrait sur ce point — il faut dire que les deux premières ont frappé si fort… —, celle-ci reprend le dessus, avec encore une fois une collection d’excellents titres. Ils sont chapeautés par un nouveau tube, « Ein Tag wie Gold », une perle addictive qui sert de thème à toute la saison et revient sous diverses variantes. J’ai aussi découvert et adoré la musique du groupe allemand Meute, dont le concept est d’adapter de la musique techno ou housse en mode fanfare. Ça colle parfaitement à l’ambiance du Moka Efti et le temps d’un épisode assez fou autour d’un concours de danse, on en prend plein les oreilles avec leur techno recrée avec des cuivres et autres instruments de l’époque. Un délice.