
Asura, Netflix
Hirokazu Kore-eda poursuit son travail avec Netflix et après le monde des geishas dans Makanai : Dans la cuisine des maiko, il revient avec Asura à une histoire de famille plus attendue par les amateurs du cinéaste japonais. Sauf qu’il ne s’agit pas d’une histoire originale, la mini-série est en réalité un remake d’Ashura no Gotoku, une série sortie au Japon au tournant des années 1980. Remake peut-être, mais le scénario de cette nouvelle version n’essaie pas de moderniser le cadre, qui se déroule toujours dans le Tokyo de 1979. Il faut dire que les relations sont tellement datées que ce serait incohérent de les regarder au présent, tout du moins, on peut l’espérer. Au-delà de l’intrigue familiale elle-même, j’ai été frappé en regardant les sept épisodes d’Asura par le traitement réservé aux femmes. Mariées et bonnes uniquement à faire des enfants et du choux fermenté, elles doivent subir tous les caprices de leur mari et faire semblant de ne pas savoir qu’il les trompe depuis des années avec une autre. Voire qu’ils ont fait une autre vie, dans le cas du père de famille, qui a eu un enfant avec une autre et qui continue de prétendre qu’il va travailler deux jours par semaine, alors qu’il passe ces journées avec cette deuxième famille. Quand sa femme obtient la confirmation de ce qu’elle soupçonnait depuis si longtemps, le choc est si fort qu’il la foudroie sur place.
L’intrigue se construit principalement autour de quatre sœurs, des relations souvent conflictuelles entre elles et de leurs relations avec un homme. L’aînée est veuve et amante d’un homme marié, la deuxième est une épouse apparemment parfaite même si elle suspecte une tromperie de son mari, la troisième est coincée et semble incapable de trouver l’amour et la petite dernière qui tente de s’en sortir avec un boxeur. Chacune à leur manière et complétée par leur mère, elles incarnent les différentes facettes de la femme japonais à la fin des années 1970 et ce n’est pas brillant. Hirokazu Kore-eda n’a pas besoin de souligner le trait, il se contente comme il sait si bien le faire de poser ses caméras au milieu de scènes du quotidien apparemment filmées à l’improviste. Inutile d’en dire plus, ces histoires navrantes se suffisent à elle-même. Une belle réussite.